Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a affirmé hier que la France est en “état d'alerte permanent” face aux menaces terroristes. “Nous sommes en état d'alerte permanent”, a indiqué M. Kouchner sur les ondes de la radio Europe 1, soulignant la nécessité “d'affaiblir le terrorisme international”. Cette déclaration est venue au moment où les ministères français de l'Intérieur et de la Justice, ainsi que les services de la DST prennent au sérieux les menaces contre la France diffusées sur un site Internet proche des groupes terroristes. Les évènements qui se sont produits ces derniers temps, la mise en place de “Vigipirate rouge”, mais surtout les déclarations faites par de hauts responsables français et des experts de la Direction de la surveillance du territoire (DST), relayées par des médias, confirment les inquiétudes de Kouchner. Dans ce cadre, le rallye Paris-Dakar, créé depuis 1978, a été annulé pour la première fois sous le double argument des “menaces directes lancées contre la course par des mouvances terroristes” et de la sécurité, suite à l'exécution de quatre touristes français en Mauritanie. Cet attentat, suivi de menaces, a poussé le ministre français des Affaires étrangères, M. Bernard Kouchner, à demander l'annulation du rallye Paris-Dakar. Cette situation a d'ailleurs inspiré certains écrits journalistiques, à l'exemple de Libération qui a relevé qu'“il n'est plus possible de traverser l'immense et magnifique Sahara algérien, pas plus qu'il n'est désormais envisageable de passer au Niger, au nord du Mali, au Tchad et, donc, en Mauritanie”. Et, aux dires du Figaro du 11 janvier, c'est dans ce contexte que des responsables de la police française se sont rendus dans plusieurs pays maghrébins pour relancer la coopération antiterroriste. Un ex-responsable de la lutte antiterroriste de la DST (1998 à 2004), Louis Caprioli, a signalé que la Direction du contre-espionnage est en possession d'un “ensemble de déclarations qui génèrent une légitimité pour commettre des actes terroristes contre les Français”. Le conseiller du groupe de gestion et d'analyse des risques Geos n'a pas exclu un retour des attentats terroristes des années 1990. Dans une interview accordée au Figaro et publiée le 10 janvier dernier, il a fait part d'une “montée en puissance” des menaces terroristes contre “les intérêts français”, rappelant dans le même temps que “la France ne cesse d'être attaquée dans tous les discours islamistes radicaux”. M. Caprioli a, en outre, révélé que les terroristes ont des soutiens en France. “Ces dernières années, ces islamistes s'étaient éloignés de l'Algérie pour se tourner vers le djihad afghan. Ils sont visiblement revenus à leurs premières amours et à leur haine de la France”, a-t-il précisé, en avisant de la découverte, par la DST, d'un réseau logistique “exclusivement dédié aux maquis algériens”. De son côté, Le Monde a annoncé que les services de la DST cherchent à identifier les auteurs d'un message capté, le 10 janvier, par le Portugal, visant l'attaque de la Tour Eiffel. Ce nouveau message n'a pas suscité d'affolement étant donné que le dispositif de sécurité est déjà mis en œuvre à Paris, depuis plusieurs mois, pour parer contre d'éventuels attentats. Il a, cependant, provoqué l'ouverture d'une enquête sur des menaces diffusées sur Internet. Pour mieux lutter contre le terrorisme, les services de la DST ont renforcé davantage leurs liens avec les services étrangers, notamment les services algériens. “Je crois que l'Algérie et la France ont donné l'exemple en matière de coopération et de coordination sécuritaire. Les deux parties doivent tout faire pour que cela continue”. “C'est une question vitale pour tous, aussi bien pour la France que pour l'Algérie”, a déclaré récemment l'ancien patron de la DST, Yves Bonnet. Ce dernier a, en outre, plaidé pour la prise des mesures rapidement car, a-t-il expliqué, “il y a des pays qui soutiennent et financent le terrorisme, en particulier ceux du Golfe, à l'instar de l'Arabie Saoudite”. H. Ameyar