Le contre-espionnage français enquête sur des menaces diffusées sur Internet et resserre ses liens avec les services de renseignements étrangers. De menace en menace. La Direction française de surveillance du territoire (DST) est sur le qui-vive. Une menace terroriste pèse sur la France. L'organisation terroriste Al Qaîda veut mettre à exécution son plan d'action. La menace est prise au sérieux. La Tour Eiffel serait visée par un attentat terroriste, selon une conversation téléphonique interceptée, jeudi dernier, par des contrôleurs de l'aviation civile portugaise. Aussitôt alertés par leurs homologues portugais, les services français se sont mis en branle pour débusquer et identifier l'auteur du message. La France est de plus en plus visée dans des communiqués attribués à Ben Laden, à son lieutenant Al Zawahiri, ainsi qu'à la branche d'Al Qaîda au Maghreb islamique. Ce bruit de fond persiste et tend à s'amplifier. La France est sérieusement menacée. «Nous sommes en état d'alerte permanent», a affirmé hier matin le ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, sur les ondes d'Europe1. En effet, le plan Vigipirate rouge, en vigueur depuis quelques mois, est toujours d'actualité. Cette récente menace fait partie d'une série d'autres proférées contre les intérêts français. «Ces menaces doivent être prises au sérieux», avertit Louis Caprioli, ancien patron de la DST. Pour ce dernier, la France est en train de revivre le scénario de juin 1995. «Cela nous renvoie à l'année 1995, avec les écrits contre la France diffusés de février à juin 1995, suivis d'un passage à l'acte en juillet», note Caprioli dans une interview accordée au journal français Le Figaro. Il souligne, en outre, que les réseaux terroristes bénéficient d'un soutien en France. Pour étayer ses propos, il rappelle le démantèlement, en date du 21 décembre dernier, d'une cellule du Gspc à Paris composée de huit personnes, dont un Algérien et un Tunisien. En outre, la semaine dernière, Site Intelligence Group, centre américain spécialisé dans la surveillance des communications du réseau d'Oussama Ben Laden, a fait état de menaces terroristes contre Paris et notamment son maire, Bertrand Delanoë, dans le but de provoquer la chute du président français, Nicolas Sarkozy, et un «effondrement économique en France». La menace concerne également des lieux symboliques, comme les Champs-Elysées, l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle ou encore le quartier de la Défense. Ces menaces sont prises au sérieux d'autant plus qu'elles interviennent après l'exécution, le 24 décembre 2007 en Mauritanie, de quatre touristes français par un groupe salafiste lié à Al Qaîda. Ce qui a poussé le Quai d'Orsay à demander l'annulation, pour la première fois depuis trente ans, du Rallye Dakar. Certes, Nicolas Sarkozy a réaffirmé, jeudi dernier, à l'occasion de la tenue du sommet franco-espagnol, la détermination de la France «à lutter contre ce cancer qu'est le terrorisme», il n'en demeure pas moins que la sécurité de Delanoë a été, entre-temps, renforcée. Mais pour faire face à cette menace terroriste, de hauts responsables de la sécurité française viennent d'entreprendre une tournée dans plusieurs pays, notamment en Algérie, pour renforcer la coopération antiterroriste internationale. D'ailleurs, cette coopération avait permis auparavant de déjouer une tentative d'enlèvement à Alger de deux employés d'aéroport de Paris. Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur, Nourredine-Yazid Zerhouni, s'est rendu en octobre dernier à Paris où il a rencontré son homologue français, Michèle Alliot-Marie. Les discussions avaient porté sur l'état de la menace terroriste et la coopération en matière de sécurité intérieure et de sécurité civile. La France n'a jamais été à l'abri de la menace terroriste, et ce depuis le revirement de la politique étrangère française vis-à-vis des Arabes, notamment son implication au Liban et en Afghanistan. Fin septembre dernier, le numéro deux de la nébuleuse islamique Al Qaîda, Ayman Al Zawahiri, avait appelé les «djihadistes» à «débarrasser le Maghreb de ces fils de Français et d'Espagnols». En outre, les menaces brandies par Al Qaîda contre les intérêts occidentaux dans, notamment les pays du Grand Maghreb, se sont multipliées. C'est dire l'impératif de prendre au sérieux les menaces d'Al Qaîda.