La Société algérienne d'asthmologie, d'allergologie et d'immunologie clinique, en collaboration avec la Fédération maghrébine d'allergologie et d'immunologie clinique, a organisé hier, à l'hôtel El-Aurassi, le premier Symposium international sur le syndrome de l'apnée respiratoire du sommeil (SAS) et l'assistance respiratoire à domicile. La rencontre présidée par le professeur H. Douagui a vu la participation de nombreux conférenciers internationaux. Le syndrome de l'apnée respiratoire du sommeil (SAS) est une pathologie très peu connue, ce colloque international a donc été organisé pour cette raison. L'objectif est de sensibiliser les médecins généralistes, mais également les médecins spécialistes sur l'existence de cette pathologie invalidante qui est malheureusement sous-diagnostiquée et à laquelle s'ajoutent de nombreuses complications (hypertension artérielle, maladies cardiaques, accidents vasculaires cérébraux, diabète et obésité). Complètement méconnue, cette pathologie toucherait 3 à 4% de la population adulte concernée par les ronflements, à savoir 30% de la population globale. Mais qu'est-ce que le SAS ? Pendant le sommeil, la personne souffrant du syndrome de l'apnée du sommeil subit un rétrécissement de son pharynx lié à un relâchement musculaire. Cela entraîne une circulation de l'air plus difficile et un ronflement à cause des vibrations de l'air. Lorsque les voies aériennes se ferment complètement, la personne s'arrête temporairement de respirer, elle fait alors une apnée du sommeil qui peut durer 10 secondes ou plus. Ce phénomène peut se produire plusieurs fois par nuit, jusqu'à 10 fois par heure. Le sommeil est perturbé sans que le sujet en ait forcément conscience (éveils brefs après chaque apnée). Les apnées peuvent survenir à tout âge, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Ces troubles du sommeil détériorent la qualité de vie et sont à l'origine de nombreux accidents de la route ou encore d'accidents de travail. De plus, ces pauses respiratoires sont responsables d'une oxygénation insuffisante du sang. Ainsi, les apnées peuvent favoriser l'apparition de troubles du rythme cardiaque, d'hypertension artérielle, d'infarctus du myocarde ou d'accidents vasculaires cérébraux. Une pathologie difficile à détecter Le syndrome de l'apnée du sommeil est souvent détecté par le conjoint, témoin privilégié des deux symptômes majeurs : les ronflements et les arrêts respiratoires nocturnes. D'autres symptômes peuvent être pris en compte tels qu'un sommeil agité et de mauvaise qualité, la fatigue dès le réveil, des somnolences pendant la journée, les maux de tête, l'irritabilité et la mauvaise humeur, des troubles de la mémoire et de la concentration, mais aussi des troubles sexuels ou perte de la libido. Chez l'enfant, les signes des apnées peuvent être une hyperactivité durant la journée et une respiration difficile pendant le sommeil avec parfois, un retard de croissance et des difficultés scolaires. Les personnes, qui présentent tous ces signes, s'orientent généralement vers leurs médecins généralistes ou encore vers des ORL, pneumologues, allergologues, endocrinologues, etc., mais étant donné que cette pathologie n'est pas connue, son diagnostic n'est pas évident. Le docteur Bellamdani insistera sur “l'urgence de généraliser l'enseignement de cette pathologie à toutes les autres spécialités en plus de la pneumologie”. Selon le professeur Douagui, “la polysomnographie est le seul examen médical qui met en évidence les symptômes de l'apnée du sommeil. Cet appareil enregistre les variables physiologiques qui permettent de diagnostiquer, mais aussi de définir le degré des troubles du sommeil”. L'appareil qui permet d'effectuer cet examen est le polygraphe. En Algérie, on n'en compte que cinq, deux au CHU de Béni-Messous et trois dans le privé dont un à Oran, ce qui n'est évidement pas suffisant. Le traitement le plus efficace actuellement est la ventilation spontanée en pression positive continue (CPAP). Le CPAP est un masque respiratoire relié à un compresseur. Il est réglé spécifiquement aux besoins de chaque personne pour empêcher l'affaissement de la voie aérienne ou de la gorge. La pression varie selon la gravité de l'apnée du sommeil. Le système CPAP n'est pas une thérapie facile à utiliser et les gens tendent à abandonner s'ils ne remarquent pas tout de suite un grand changement. L'éducation et le suivi sur l'utilisation du CPAP sont très importants pour l'efficience de ce traitement. Il n'existe en Algérie que deux distributeurs de cet équipement, mais ils n'assurent pas la prestation ni le suivi du malade. À ce sujet, tous les intervenants semblent d'accord sur “la nécessité d'encourager la présence de plus de prestataires de ce service, mais aussi de faire que la Sécurité sociale rembourse ces appareils et les soins à domicile qu'ils impliquent”. Par ailleurs, des appareils dentaires (gouttières) sont également utilisés, parfois en alternance avec la CPAP, ils permettent de positionner la mâchoire inférieure et la langue afin que l'air passe plus facilement. Enfin, la chirurgie est préconisée dans certains cas d'apnée sévère. Amina Hadjiat