Le transfert des détenus dangereux, comme les terroristes, les grands trafiquants de drogue et les têtes de réseau de crime organisé est trop risqué et, par voie de conséquence, assujetti à des mesures de convoyage drastiques. Désormais, les détenus dangereux seront interrogés à distance à partir des tribunaux et des cours de justice, soit en qualité de prévenu ou en qualité de témoin si nécessité, pour évacuer les affaires courantes ou des procès qui risquent de traîner devant les juridictions compétentes. Si cette nouvelle méthode, qui s'inscrit dans le cadre de la modernisation du secteur de la justice, permet sans aucun doute de simplifier la procédure aux juges d'instruction et d'éviter les reports incessants des affaires, donc un gain de temps, il est évident également que l'interrogatoire à distance des détenus dangereux répond également à la donne sécuritaire. En effet, le transfert et le déplacement des détenus dangereux comme les terroristes, les grands trafiquants et les têtes de réseau de crime organisé sont trop risqués et, par voie de conséquence, assujettis à des mesures de convoyage drastiques, voire impossibles dans certaines zones vu l'éloignement de certains pénitenciers du pays, des cours de justice et des aléas ; des risques parfois inutiles de faire déplacer ces prisonniers condamnés d'une wilaya à une autre. C'est ce qui ressort des déclarations du ministre de la Justice, garde des Sceaux, M. Tayeb Belaïz, qui a procédé, hier, à l'inauguration du nouveau siège de la Direction générale de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion. Lors d'une démonstration du logiciel de gestion de la population carcérale, une application lancée à la même occasion, les intervenants ont évoqué la nécessité d'aller vers un texte de loi plus clair concernant cette nouvelle procédure, par ailleurs très souhaitée en ces temps qui courent. Du coup, il est question que le département de Belaïz propose un texte de loi relatif à ce volet dont la teneur et la richesse seront éventuellement développées avant d'être adopté par les deux Chambres du Parlement. Par ailleurs, il serait question de généraliser, dans le futur, cette procédure aux prisonniers condamnés dans des affaires de droit commun, notamment, et ce, après l'implantation de nouvelles prisons dans les Hauts-Plateaux et le sud du pays. Sur un autre plan, le ministre de la Justice s'est attardé sur la prise en charge médicale des quelque 60 000 détenus internés dans les 127 prisons du pays. Avouant que beaucoup reste à faire, M. Belaïz a annoncé la création d'une commission au niveau de son département. Celle-ci sera chargée du suivi des traitements médicaux administrés à chaque détenu, depuis le jour de son incarcération jusqu'au jour de sa libération, le cas fatal et échéant jusqu'au jour de son décès dans un pénitencier. “À partir d'aujourd'hui, la responsabilité incombe aux médecins traitants et aux directeurs de prison. Mais surtout aux médecins. Je veux que cette nouvelle application prenne en charge et dans le détail le volet relatif à la santé des détenus. Et dans tous les cas de figure, je vais envoyer une expertise sur place pour faire la lumière sur telle ou telle maladie ou sur un décès d'un quelconque détenu dans une prison algérienne”, a déclaré M. Belaïz, comme pour relancer son engagement pris devant les députés il y a près de dix jours et relatif à l'amélioration des conditions de détention, d'une part, et du respect des droits de l'Homme dans les prisons, d'autre part. Pour revenir à la nouvelle application dotée d'un logiciel révolutionnaire, M. Belaïz a estimé que ses concepteurs “devaient mettre des lignes rouges quant à l'accès de certaines informations susceptibles et sensibles”. À l'heure actuelle, cette application est dotée de 220 000 fichiers et reliée, avec une interface déclinée comme une plate-forme d'Intranet. Elle sera gérée par 830 techniciens récemment formés par la Direction générale de l'administration pénitentiaire que gère M. Mokhtar Felioune. Signalons que M. Belaïz a effectué une visite à la résidence des magistrats, endommagée par l'attentat suicide du 11 décembre 2007. La réhabilitation de cette structure, qui rouvrira par ailleurs ses portes à partir du 10 février prochain, a nécessité une enveloppe financière de 60 millions de dinars et la mobilisation h/24 de 112 ouvriers hautement qualifiés. “La réhabilitation de cette structure est une manière de montrer encore une fois notre fermeté de faire face au terrorisme”, a conclu le ministre de la Justice. Farid Belgacem