Les barons de la drogue veulent créer un Etat dans l'Etat, c'est le constat qui pourrait être établi en constatant les estampilles utilisées par ces derniers pour marquer de leurs sceaux leurs marchandises définissant ainsi leur espace d'intervention. Un jeune officier de la brigade des stupéfiants à Oran nous montrera des planches et des rapports illustrés de certaines prises et où figurent en bonne place les estampilles des barons. Oran est de par sa position géographique une place importante dans le trafic de drogue. Depuis 1998, ce sont plusieurs tonnes qui ont été saisies. Sa proximité de la frontière avec le Maroc fait d'elle un relais utilisé par les trafiquants pour approvisionner les marchés européens et ceux du centre du pays. Une partie de la marchandise est revendue à Oran pour financer le convoyage vers l'Europe et le centre du pays. il y a quelques années quand l'étau des services de sécurité était devenu intenable pour les trafiquants de drogue, ces derniers s'étaient rabattus sur les pistes du Sud pour convoyer leurs marchandises vers le centre et l'est du pays pour pénétrer la Tunisie et charger leur drogue vers les ports de Malte et l'Italie. Le génie des barons fait d'eux des individus qui restent toujours insaisissables. Quand un réseau est démantelé, il est rare de parvenir jusqu'au baron qui lui joue des fusibles pour mettre au devant de la scène des lampistes, de simples ou des dealers de seconde zone. Dans la majorité des cas, ils savent se faire oublier pour ne pas apparaître. Même quand l'affaire atterrit devant un tribunal, ils préfèrent prendre en charge la famille des détenus en contrepartie de leur silence. La loi de l'omerta fonctionne très bien dans ce genre de trafic qui est régi par des lois mafieuses qui font que les barons constituent le sommet d'une pyramide où on ne sacrifie que le menu fretin.La drogue actuellement en circulation en Algérie est constituée de deux types: la résine de cannabis sous toutes ses formes et les psychotropes. Si le Maroc fournit toute la drogue vendue en Algérie, les psychotropes sont par contre issus des quotas de médicaments importés à fortes devises par l'Etat. Certaines officines alimentent le marché des psychotropes en usant de vente parallèle sans prescription médicale de Diazepam et autres médicaments utilisés comme drogue et revendus à un fort prix. La drogue en Algérie avait financé les groupes terroristes et la connexion entre les réseaux de trafic de drogue et les groupes armés a été établie avec preuve. Aujourd'hui, la guerre menée sur le terrain par les services de sécurité commence à réduire considérablement la marge de manoeuvre des barons qui tomberont un jour ou l'autre dans les filets de la justice, mais d'ici ce jour combien de malheurs provoqueront-ils encore?