Si dans les principales villes de l'ouest du pays, le mouvement de grève des lycéens connaît un essoufflement, comme cela a été constaté par nos correspondants, notamment à Mostaganem, Sidi Bel-Abbès ou encore Mascara, la ville d'Oran semble être l'exception. En effet, alors que l'on avait le sentiment, ces dernières 48 heures, que les lycéens étaient prêts “à abandonner la partie”, hier matin, ils ont fait une démonstration de force qui a impressionné plus d'un. Et pour cause, ils étaient bien plus d'un millier à avoir déferlé sur les rues d'Oran, dépassant un service d'ordre pourtant des plus importants : c'est l'ensemble des classes de terminale des établissements d'Oran, renforcé par leurs camarades venus de plusieurs autres communes, qui dès 8 heures du matin et par petits groupes se sont dirigés en longues processions vers la Direction de l'éducation d'Oran. Ni usés ni fatigués, ne voulant pas lâcher prise, accentuant au contraire plus que jamais la pression, ces lycéens en arrivent à durcir même leurs revendications puisque depuis hier, c'est la démission du ministre Benbouzid qui est revendiquée à coups de slogans. Dans le même temps, l'intervention express du Président est encore demandée. Face aux forces de police, déployés en grand renfort, les élèves, après une première halte devant le lycée Lotfi comme pour mesurer leur force, ont très rapidement décidé de marcher dans les principales rues d'Oran, envahies par cette jeunesse vociférante, mais toujours aussi spontanée. Immédiatement, toute la circulation, au niveau de la rue Larbi-Ben-M'hidi, avenue Loubet, la rue Khemisti, etc., a été totalement bloquée alors que les policiers s'efforçaient en vain de faire passer les véhicules au milieu des élèves qui scandaient toujours leur slogan favori. Certains se voulaient rassurants parmi ces grévistes en nous déclarant : “Nous ne sommes pas là pour faire de la casse, mais pour défendre notre avenir !” D'autres se disaient déçus “de l'absence de leurs enseignants qui ne sont pas eux sortis en dépit de leur appel dans ce sens”. Mais la première fausse note est venue de quelques petits groupuscules qui ont pu se mêler aux lycéens en lançant un slogan “Jeïch, chaâb, Abassi Madani”, mais qui sera vite abandonné ne correspondant pas aux souhaits et aux revendications des jeunes présents hier dans les rues. Alors que visiblement, les forces de police avaient pour instruction de ne pas empêcher les lycéens de marcher, ces derniers ont pu se rendre jusqu'à la place du 1er-Novembre. Quelques interpellations ont eu lieu, mais ces lycéens ont été aussitôt relâchés, avons-nous appris auprès des délégués des lycéens. F.B./M.L./M.O.T./B. A./M.L.