Le mouvement syndical algérien se souviendra de l'une des périodes de son histoire. L'ère Abdelhak Benhamouda. L'union de wilaya de Constantine commémore aujourd'hui la disparition de Abdelhak Benhamouda. Il y a 11 ans, le 28 janvier 1997, à 13h30, le secrétaire général de l'UGTA, en compagnie de son chauffeur et gardien, d'un employé à la centrale, tombait, sur l'esplanade de la Maison du peuple, sous les balles assassines des terroristes lors d'un attentat revendiqué par l'ex-Fida. Une organisation terroriste qui fait des intellectuels algériens la cible de ses horreurs. Abdelhak est mort debout, arrivant même à blesser l'un de ses assassins, bien qu'il fût surpris par ses assaillants qui semblaient bien connaître le terrain d'opération. Lors de cette deuxième tentative — la première, en 1993, il en sortira avec des blessures —, les assassins ne rateront pas leur cible. Cette dernière, qu'on a déjà tenté d'affaiblir, moralement, en assassinant à Constantine, 4 ans auparavant, son frère et son oncle, est considérée par les architectes du chaos comme vitale pour le devenir du pays et des processus de sa restructuration. En effet, cet acharnement des forces du mal sur la personne de Benhamouda n'est pas fortuit. Il fut, et l'est toujours, le symbole de l'amour désintéressé de la patrie. Après avoir dirigé la Fédération des travailleurs de l'éducation, cet enseignant constantinois est à la tête de la Centrale en 1990. Une période où les carriéristes de l'UGTA, à l'instar de ceux de la maison mère, le FLN, et des autres ex-organisations de masse, avaient ruiné le capital crédibilité de l'Etat- nation au seul bénéficie du discours islamiste. Abdelhak pèsera du poids de toute son intégrité pour que l'héritage de Issat Idir ne parte pas en fumée. En 1991, il est membre fondateur du CNSA qui appellera à l'arrêt du processus électoral, commencé le 26 décembre 1991. L'UGTA sera avec lui au cœur de la résistance aussi bien à l'intégrisme islamiste qu'à l'archaïsme du système qui a gangrené depuis l'Indépendance. Le syndicat sera aux avant-postes de la lutte pour la sauvegarde de la République et sa modernisation. Une fois, le terrorisme vaincu militairement sur le terrain, il fallait entamer la refondation des institutions. Abdelhak Benhamouda sera en première ligne en lançant la formation d'un rassemblement à même de fédérer les forces patriotiques et démocratiques du pays. Il sera assassiné un mois avant l'annonce de création du RND que Benhamouda qualifia de “mouvement du renouveau et du changement”, lors de l'une de ses dernières déclarations publiques. La commémoration cette année de la disparition de Abdelhak Benhamouda coïncide, en plus d'une relative dégradation de la situation sécuritaire, avec le retour de lourdes perturbations sur le ciel socioéconomique du pays. Vaincu militairement dès la seconde moitié des années 1990, le terrorisme, que la refondation des institutions entamée dès 1997 devrait définitivement priver de sa légitimité politique, essaie de se refaire une virginité profitant des évènements qui secouent l'Irak, l'Afghanistan et le Moyen-Orient. La Centrale syndicale demeure, 11 ans après l'assassinat de Abdelhak Benhamouda, une force fédératrice des idées républicaines. Mourad KEZZAR