Sa politique de réconciliation nationale, sa médiation dans les règlements des conflits en Afrique, son implication dans le Nepad sont autant d'initiatives qui plaident en sa faveur pour décrocher cette distinction attribuée annuellement par le comité du Nobel qui reste, cependant, intransigeant sur les principes de la démocratie. La course pour le prix Nobel de la paix 2008 s'annonce large et ouverte avec probablement la participation du président Bouteflika. La date limite pour le dépôt des candidatures a expiré, hier, et le verdict du comité Nobel sera rendu en octobre prochain. Si le Président est nominé, il part avec comme concurrents, entre autres, le président de la Commission européenne, M. Barroso, l'ex-chancelier allemand, Helmut Köhl. Une course serrée où les considérations politiques l'emportent souvent sur autre chose. La primauté est accordée aux candidatures occidentales. Par-delà cet aspect, le candidat Bouteflika pourrait manquer d'arguments devant des concurrents qui ont le bénéfice du préjugé favorable, comme l'ancien chancelier qui n'est plus aux affaires depuis longtemps, mais qui reste un des architectes de la dislocation de l'ex-URSS qui a valu à Gorbatchev son prix. Et ce n'est certainement pas le battage médiatique des soutiens locaux de Bouteflika qui influeront sur les membres du comité. D'autres paramètres peuvent jouer en sa défaveur, même s'il a à son actif une contribution à la paix dans le monde. Son engagement pour l'Afrique, pour la paix, la stabilité et le développement n'est plus à démontrer. Il a à son actif le règlement du conflit entre l'Ethiopie et l'Erythrée, un rôle actif dans le Nepad et l'Union africaine, le maintien de la paix en Somalie, le travail de fond, des années durant, pour la réhabilitation de la Libye et bien entendu la médiation entre l'Iran et les Etats-Unis sur la question du nucléaire, le Soudan, les efforts pour stabiliser le bande du Sahel... Des dossiers sensibles et lourds dans lesquels le président Bouteflika s'est amplement impliqué. Au plan interne, la tendance semble plutôt pencher vers l'inverse et pourrait plaider en sa défaveur. Le pays n'a toujours pas retrouvé la paix alors que la lutte contre le terrorisme se poursuit sans que le monde y prête vraiment attention. Durant une décennie, le “conflit” était à huis clos. Est-il alors permis de se demander si la question de la paix interne à l'Algérie est un dossier universel. Le silence ou l'indifférence de la communauté internationale sur cette question a été encore renforcée par le discours local a rejeté toute initiative extérieure considérée comme une ingérence. “Le conflit est algéro-algérien”, ce leitmotiv a produit l'effet contraire en offrant un champ d'expression hostile à l'étranger. Même les instances de l'ONU ont été mises à l'écart dans une sorte de frilosité à tout ce qui pourrait venir de l'extérieur. Au point où l'Algérie et partant les Algériens sont devenus infréquentables. Et le “qui tue qui ?” fera le reste. Par ailleurs, la démarche du Président — la réconciliation nationale — n'a pas d'égale dans le monde, d'une part, de l'autre, depuis sa mise en œuvre, elle n'a pas encore donné les résultats escomptés. Et tout est fait pour la distinguer des initiatives des autres pays, comme celle entreprise en Afrique du Sud ou celle du Chili. Le terrorisme qu'elle est censée absorber est encore là, même s'il est réduit, et militairement surtout. Sur le plan politique, la démocratie n'a pas avancé, non plus. L'opposition est absente alors que les autres contre-pouvoirs ne sont plus représentés sur la scène. Les attributs de la démocratie sont petit à petit volatilisés cédant à une sorte d'unicité qui se réinstalle, toute voix contradictoire étouffée. Cela au moment où dans son discours, Bouteflika promet la promotion de la démocratie. Et le tapage des partisans du troisième mandat qui appellent à la révision de la Constitution n'est pas fait pour arranger les choses. Cela va consacrer l'idée que tout le monde arabe est gouverné par des responsables à vie. Changer la Constitution pour lever la limitation du nombre de mandats donnera davantage de crédit à cette opinion. Ajouté à cela, l'opinion et l'appréciation de la majorité des pays nordiques qui ne sont pas franchement positives par rapport aux pays du Maghreb de manière générale, considérant ces pays comme des républiques bananières. Autant de raisons qui font que Bouteflika sera loin de décrocher ce prix. Djilali B.