La bourse de la devise “au noir” prend, aujourd'hui, des ailes avec la suppression de la disposition obligeant les importateurs à disposer d'un capital de 2 milliards de centimes et les entraves à l'ouverture plus grande du marché national. La flambée de l'euro se poursuit. Sur le marché officiel, il faut 103 dinars contre 1 euro pour un particulier, environ le même taux pour les opérateurs. Pour ces derniers, ils doivent débourser 103 dinars pour un euro, soit 10 dinars de plus. En effet, en février 2007, il était coté à 93 dinars (cours commercial). La dépréciation du dinar est d'environ 10% sur un an. Les importations sont ainsi devenues plus chères. Sur le marché parallèle, l'euro est coté à 111 dinars. L'écart est d'environ 8% entre le taux officiel et le taux parallèle. Ce différentiel fait que le marché noir de la devise continue de prospérer. Il était très réduit laissant penser à sa disparition prochaine. Cette bourse de la devise au noir prend aujourd'hui des ailes avec la suppression de l'obligation de disposer de 2 milliards de centimes pour pouvoir importer des biens destinés à la revente en état et l'annonce de la levée prochaine de l'interdiction relative à l'importation des véhicules de moins de trois ans. Cette flambée de l'euro a ainsi des répercussions négatives sur les citoyens puisque l'Algérie s'approvisionne à raison de 50% sur le marché européen. Deux facteurs sont ainsi à l'origine de la hausse des produits alimentaires de base : la flambée de ces biens sur les marchés internationaux et la hausse de l'euro. Le seul ralentisseur, la politique de change de la Banque d'Algérie Elle a des répercussions négatives également sur les opérateurs qui sont obligés d'acheter plus chers les intrants, n'étant protégés par aucun instrument financier. En effet, aucune réponse n'a été fournie jusqu'à présent à la demande des entrepreneurs préconisant un mécanisme de change à terme. De ce fait, nombre de concessionnaires et d'opérateurs dans le secteur de la pharmacie en particulier affirment que si cette flambée de l'euro se poursuit, ils seront obligés de répercuter à la hausse leurs produits. Ainsi, dans ce scénario haussier, les médicaments et les véhicules notamment pourraient être plus chers en 2008. En définitive, le commerce extérieur algérien n'est pas assez flexible pour amortir un tel impact. Il faudrait acheter beaucoup plus dans la zone dollars. Eu égard à ces rigidités, il est difficile de changer l'orientation des flux rapidement. Le seul ralentisseur semble être la politique de change de la Banque d'Algérie qui parait freiner la chute du dinar par rapport à l'euro. Par ailleurs, en assurant une plus grande concurrence sur le marché, une plus grande ouverture, en développant les exportations hors hydrocarbures en tentant de briser progressivement la dismétrie qui caractérise le commerce extérieur algérien, en instituant un mécanisme de change à terme, l'Algérie pourrait protéger mieux et les opérateurs et les simples citoyens de l'impact de la hausse de l'euro. N. Ryad