Le processus d'ouverture du capital du CPA reprendra à la fin de la crise des subprimes, a affirmé le grand argentier du pays. Les réserves de change de l'Algérie ont atteint un montant de 110 milliards de dollars jusqu'à fin décembre dernier, contre 77 milliards de dollars fin 2006. Elles ont augmenté de 32 milliards de dollars. Ce matelas de devises représente 4 ans d'importations. Quant aux placements de ces réserves, ils sont gérés par la Banque centrale. “C'est une gestion sécurisée de nos réserves de change. C'est-à-dire que les risques sont nuls. En termes plus clairs, nous plaçons nos réserves de change dans des actifs publics”, précise M. Karim Djoudi, ministre des Finances. Autrement dit, les débiteurs de l'Algérie sont les Etats souverains des pays dans lesquels cet argent est placé. Ainsi, pour le dollar, c'est le Trésor américain. En livre sterling, c'est le Trésor anglais. “Nous avons nos placements en valeur d'Etat de ces pays-là”, explique M. Karim Djoudi. Ce sont en fait des valeurs d'Etat et non pas des valeurs de marché qui, indique-t-il, représentent des risques. Celles-ci ont certes “un rendement plus important, mais leur risque est également important”, renchérit-il en réponse à la question de savoir les risques que courrait l'Algérie face à la crise des “subprimes” aux Etats-Unis. Ces valeurs évoluent, selon le ministre, avec deux éléments forts. Il s'agit des taux d'intérêt américains qui ont baissé à cause du problème de croissance aux Etats-Unis. En baissant ces taux, on anticipe au renforcement de l'activité de financement et de la croissance économique. Le second élément a trait à l'évolution des parités entre les monnaies telles que le dollar par rapport à la livre sterling ou à l'euro. “Evidemment, ces parités, nous les atteignons dans le cadre d'une gestion de portefeuille des réserves de change. C'est-à-dire, nous n'avons pas uniquement des réserves de change en euro. En effet, outre la monnaie européenne, nous avons du dollar américain, du yen…”, explique M. Karim Djoudi. Il affirme que toutes les réserves de change du pays sont placées et ne sont pas conservées chez nous, car le dinar algérien est la monnaie légale. “On ne place pas nos monnaies étrangères sur l'économie nationale”, déclare le ministre. Revenant à la crise des subprimes aux Etats-Unis, M. Karim Djoudi ajoute que le suivi du marché international et les observations qui en découlent convergent vers un risque de pertes traduites dans les bilans des grandes banques internationales. C'est une perte dans les résultats de ces banques. À cela, il y a lieu d'ajouter un risque de liquidités dans un certain nombre de banques aussi. Ce qui a poussé certaines Banques centrales à intervenir pour rassurer le marché et redonner les liquidités nécessaires. Toutefois, il faut s'attendre, relève le ministre, à des prémices de baisse de l'activité mondiale et de la demande globale, qui engendrera un effet d'entraînement sur toutes les économies à travers le monde. “Enfin, cette crise n'a pas encore donné tous ses résultats. Nous continuerons à observer le marché international”, confie le ministre en marge d'une réunion avec les P-DG des banques publiques et privées. Cette rencontre a pour objectif de poursuivre le processus de réforme financière engagé depuis fin 2004. Une première étape de cette feuille de route, arrêtée par le département de M. Djoudi, a été d'ores et déjà achevée. Le ministre cite certaines actions concrétisées telles que la modernisation du système de paiement, spécialisation de deux banques publiques, amélioration du marché du crédit et du marché de financement de l'économie. Depuis mai 2006, faut-il le noter, plus de 10 millions d'opérations ont été traitées avec ce nouveau système de paiement qui est la télécompensation. Vers une dette interne à -500 milliards de DA à la fin 2008 D'autres actions ont été, en outre, réalisées, à savoir le développement du marché obligataire, le leasing et les banques assurances. Le ministre évoque les résultats macroéconomiques réalisés en 2007, telle la croissance hors hydrocarbures qui va crescendo pour atteindre 6,4% pour l'exercice 2007. L'activité de financement des banques accompagne et suit ce rythme de croissance continu de l'économie nationale. Cela est concrétisé, selon lui, dans un environnement marqué par une stabilité de l'inflation même si elle a été évaluée à 3,5% en 2007. Ce taux est essentiellement dû à des conditions externes comme les prix à l'international, notamment ceux des produits de large consommation tels que le blé et le lait qui ont connu une forte hausse. “Nous avons aujourd'hui une surface financière externe qui assure une fiabilité à la mise en œuvre de notre politique économique et à nos actions en tant qu'institution financière. Il s'agit de nos réserves de change et une diminution de notre dette extérieure.” La dette extérieure publique est actuellement estimée à moins de 900 millions de dollars. Elle aurait atteint moins que ça, n'était-ce la baisse de parité du dollar par rapport à l'euro. La dette interne est passée de 1 780 milliards de DA à fin juin 2007 à 1 050 milliards de DA en décembre 2007. Soit une réduction de 41% de cette dette. La stratégie tracée par le ministère vise une réduction de cette dette interne à moins de 500 milliards de DA à la fin de l'année 2008. Néanmoins, cet objectif se fera tout en prenant en compte les éléments d'équilibre de la place financière tels que des liquidités de banques. L'épargne au niveau des banques représente, aujourd'hui, 35% du produit intérieur brut (PIB). À présent, le processus entame sa deuxième étape liée au financement effectif de l'économie nationale. Ce regroupement, qui a eu lieu hier au siège du ministère des Finances, s'inscrit d'ailleurs dans cette perspective. Badreddine KHRIS