Après l'équipée victorieuse, la colonne rebelle s'est retirée de N'Djamena. Deby a tenu bon au centre d'une capitale en flammes et le Conseil de sécurité de l'ONU, présidé par la Libye, a apporté, sur la pression de la France, son soutien au président tchadien. Pourtant, tout s'était passé si facilement pour les rebelles tchadiens qui avaient pénétré depuis le Soudan jusqu'au cœur de N'Djamena avec une déconcertante facilité. L'attaque éclair semblait avoir pris de court toute résistance de l'armée régulière et la conquête du Palais présidentiel semblait une formalité. Mais, la situation a brutalement changé et dimanche, la colonne rebelle de 2.000 hommes s'est épuisée, l'armée nationale a sorti les grands moyens: chars et hélicoptères contre des 4x4 équipées de mitrailleuses lourdes dont sont dotés les rebelles. Le Président Deby a alors assuré la communauté internationale qu'il tient la situation en main, que l'armée s'est ressaisie et reprenait le contrôle de la capitale, malgré la mort, dès l'arrivée des rebelles dans la capitale, de son chef d'Etat-major. La confusion sur le front militaire a eu des conséquences tragiques sur les populations civiles et les étrangers avaient été évacués par les troupes françaises stationnées dans le pays. La France est restée neutre tout au long des affrontements ! Paris a préféré voir venir tout en sollicitant la Libye mandatée par l'UA pour trouver une solution à la crise tchadienne. Le Conseil de sécurité de l'ONU qui a condamné fermement les attaques perpétrées par des groupes armés contre le gouvernement tchadien a aussi appelé ses Etats membres à apporter leur soutien au gouvernement du Tchad. Et le Congo devait dépêcher, mardi, à N'Djamena des émissaires pour tenter d'élaborer une solution pacifique à la crise. Mais est-ce pour autant la fin de la menace rebelle ? La rébellion avait déjà tenté de prendre la capitale en avril 2006 mais l'armée française était intervenue, sous prétexte de protéger ses ressortissants. Les trois principaux groupes rebelles tchadiens, dont le commandement a été unifié en décembre dernier, dit vouloir tenter aujourd'hui d'empêcher le déploiement de la force européenne Eufor, suspendu, selon le ministre de la Défense française. Cette force doit s'installer à la frontière entre le Tchad et la République centrafricaine, avec pour mission de protéger les réfugiés soudanais qui fuient la province du Darfour. Le Soudan, qui est accusé de soutenir les rebelles, a nié toute implication par la voix de son ministre d'Etat aux Affaires étrangères qui s'est déclaré sceptique quant à l'arrivée d'Eufor dans la région. Le Soudan a néanmoins œuvré à l'unification de mouvements rebelles tchadiens, aux positions assez divergentes par le passé. Les habitants de N'Djamena, qui se rappellent de la guerre civile de 1979 qui les avaient coincés dans la ville, continuent, pour leur part, de fuir. L'alliance rebelle, qui a traversé tout le pays d'est en ouest en une semaine pour attaquer N'Djamena, évoque un retrait purement tactique. Des experts militaires évoquent un avantage logistique à terme pour le président Deby, qui dispose de munitions dans la capitale et de réserves en carburant à l'aéroport, protégé par le dispositif français Epervier. Les bases arrière des rebelles se trouveraient, elles, à plusieurs centaines de kilomètres. Pour l'heure, les rebelles ont accepté mardi le principe d'un cessez-le-feu immédiat afin, ont-ils expliqué, d'épargner la mort de civils dans la capitale. Cependant, ils exigent un dialogue national en vue d'instaurer un régime politique véritablement démocratique. D. B