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La France menace d'intervenir
Les combats au Tchad
Publié dans El Watan le 07 - 02 - 2008

"Nous mettons en garde la France contre toute intervention directe, ça risque de très mal dégénérer pour elle », avertit la rébellion. « Elle risque de perdre la face au Tchad et de mettre en danger la vie de tous ses ressortissants en Afrique. »
Y a-t-il un devoir de la France à l'égard du Tchad ? La question se pose depuis mardi, lorsque le chef de l'Etat français a affirmé que son pays assumerait son devoir. Plus clairement, la France estime avoir le droit d'intervenir militairement et en toute légalité puisque une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies lui en donnerait le droit. L'instance onusienne a « condamné fermement les attaques perpétrées par des groupes armés contre le gouvernement tchadien » et a appelé lundi dans une déclaration « les Etats membres à apporter leur soutien au gouvernement du Tchad ». Reste à savoir comment a été évaluée cette situation puisqu'il s'agit d'un conflit interne comme le Tchad en connaît pratiquement depuis son indépendance, même si des accusations sont souvent formulées contre des pays voisins comme le Soudan et la Libye depuis hier. Le Premier ministre tchadien, Delwa Kassiré Coumakoye a en effet accusé la Libye d'avoir « soutenu » et « armé » les rebelles. « C'est (le dirigeant libyen Mouammar) Kadhafi qui a contribué à armer ces gens », a-t-il déclaré. « Ils ont été armés par le Soudan et soutenus par la Libye. » Le chef du gouvernement tchadien, qui se trouvait au palais présidentiel de la capitale, avait été interrogé sur la présence à N'Djamena d'une délégation libyenne arrivée mardi soir. Mouammar Kadhafi et son homologue congolais Denis Sassou Nguesso ont été désignés médiateurs de la crise tchadienne par l'Union africaine (UA). « On n'a rien à traiter avec ces gens », a déclaré M. Coumakoye. « Sassou Nguesso a été président de l'UA (en 2006). Avait-il traité le problème tchadien ? Non ! Il est corrompu par (le président soudanais) Omar El Béchir », a-t-il insisté. Le Premier ministre a estimé que les médiateurs étaient « des farceurs, des hypocrites ». « Ils veulent faire une médiation entre qui et qui ? Il ne reste presque plus rien de la rébellion, nous les poursuivons avec notre aviation et par voie terrestre », a-t-il affirmé. L'alliance des trois principales rébellions hostiles au président Idriss Deby Itno assure toujours avoir conservé ses forces quasiment intactes et se trouverait autour de la capitale. L'ONU donc interviendrait dans un conflit interne aux côtés d'une partie et contre une autre. Et puis ne manquera-t-on pas de relever : c'est cette célérité de la France à vouloir appliquer ce qu'elle considère comme une légalité, et elle seule. Le « devoir » de la France « ce serait de protéger, peut-être maintenant de façon plus décisive si le besoin s'en faisait sentir, le gouvernement légal », a déclaré hier le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner. Le ministre a fait état d'« une centaine, sinon 200 véhicules, à l'est de N'Djamena ». « Seront-ils ravitaillés ? Est-ce qu'ils vont à nouveau déclencher une attaque ? Est-ce qu'au contraire ils vont fuir, ce que nous espérons ? », s'est-il interrogé. M. Kouchner a expliqué que la donne avait changé après l'adoption de la résolution du Conseil de sécurité. « Nous en avons maintenant presque l'obligation morale et l'obligation politique, au nom de la communauté internationale et du Conseil de sécurité de l'ONU », a-t-il fait valoir. De source militaire, on affirmait hier qu'une colonne de rebelles, dont le nombre n'a pas été déterminé, a été repérée en direction de la capitale, mais elle se trouvait encore à seulement 200 km de la frontière soudanaise, soit près de 600 km de N'Djamena. En réponse à cette menace, les rebelles tchadiens ont affirmé que la possibilité d'un engagement militaire français ne les dissuaderait pas de repasser à l'offensive, mettant en garde Paris « contre toute intervention directe ». « Cela ne nous dissuade pas », a déclaré le porte-parole de l'alliance, Abderaman Koulamallah. Il a affirmé que les rebelles s'étaient « un peu retirés » pour mieux « se camoufler » et se trouvaient hier à « environ à 70 km » de N'Djamena. « Nous mettons en garde la France contre toute intervention directe, ça risque de très mal dégénérer pour elle », a ajouté le porte-parole. « Elle risque de perdre la face au Tchad et de mettre en danger la vie de tous ses ressortissants en Afrique. » De son côté, le ministre français de la Défense, Hervé Morin se trouvait hier à N'Djamena pour une rencontre avec le président Deby. M. Hervé Morin, a affirmé qu'il apportait au président tchadien Deby un « message de soutien » de la France pour que le Tchad « conserve son intégrité. » Que cache tout ce ballet, avec un faisceau d'accusations et aussi de menaces comme celles proférées par la rébellion ? Le seul élément probant hier était le calme qui régnait à N'Djamena pour la troisième journée consécutive ? Suffisant pour inciter au retour les milliers de Tchadiens qui ont fui les combats ?

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