Que s'est-il passé au Tchad pour que la situation que l'on disait samedi désespérée pour le président Idriss Deby ait changé en sa faveur très peu de temps après. Juste le temps que soit négocié un accord de cessez-le-feu aussitôt accepté par la rébellion qui était, rappelle-t-on, sur le point de s'emparer du symbole même du pouvoir, c'est-à-dire la présidence de la République ? Dès dimanche, la rébellion semblait piétiner et plus encore hésiter à lancer ce qu'elle ne cessait d'annoncer, l'offensive finale, elle qui avait traversé le Tchad d'Est en Ouest sur 700 km, sans rencontrer la moindre résistance. Etait-elle coupée de sa logistique comme le pensent certains analystes militaires, ou bien alors s'est-elle montrée sensible aux multiples pressions et aux fermes condamnations ? Tout cela reste à connaître avec exactitude, puisque cette nouvelle guerre semble avoir pris fin hier après l'accord des rebelles pour un « cessez-le-feu immédiat », en souscrivant aux initiatives de paix des pays frères, la Libye et le Burkina Faso. L'alliance des trois principales rébellions tchadiennes hostiles au président Idriss Deby Itno demandent que le cessez-le-feu soit suivi d'un « dialogue national sans exclusive en vue d'un règlement pacifique du conflit tchadien » et de « l'instauration d'un régime politique véritablement démocratique ». De source rebelle, on explique que les pressions diplomatiques ont été « très fortes » lundi pour que les groupes armés acceptent de se déclarer favorables à une trêve avant les autorités de N'Djamena. Un cessez-le-feu entré rapidement en vigueur. En ce sens, les militaires français sont catégoriques dans leur observation. « Nous ne constatons pas de colonne rebelle arrivant en soutien pour tout vous dire », a déclaré le ministre français de la Défense Hervé Morin, au moment où les responsables de la rébellion affirmaient s'être retirés de N'Djamena dans l'attente de renforts dont l'arrivée était selon eux « imminente ». Paris, qui maintient un millier de militaires et des avions de combat au Tchad dans le cadre du dispositif déployé depuis 1986, mène des vols de reconnaissance au-dessus du pays. « Les rebelles ont encore des moyens militaires, donc la situation reste incertaine, la victoire (du président tchadien) Idriss Deby (Itno) n'est pas encore scellée », a souligné M. Morin, « même si chaque heure qui passe, Deby marque des points ». Il a par ailleurs estimé que le vote par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une déclaration « condamnant fermement » les attaques rebelles et appelant « les Etats membres à apporter leur soutien au gouvernement du Tchad », ne « changeait pas en tant que telle l'action de la France » dans ce pays. M. Morin estime que cette déclaration de l'ONU « donne aux actions de la France un soutien absolu ». Mais en l'absence de menace immédiate, il a souligné : « Quant à ce que ferait la France (en cas de nouvelle attaque), ce sont des hypothèses. » Le rôle, voire son implication, est mis en évidence avec cette accusation des rebelles qui « s'étonnent de l'implication directe de la France dans le conflit et condamnent l'intervention directe de l'aviation française qui a causé d'énormes victimes civiles, notamment sur le lycée de la Liberté et le marché central » de N'Djamena. Mais d'autres sources de la rébellion n'ont pas confirmé que les chasseurs Mirage F1 français avaient ouvert le feu depuis le début des combats. Ce que récuse Paris en déclarant que ses forces « n'ont pas participé aux combats » de ces derniers jours. Les forces françaises « n'ont pas participé aux combats », se contentant de « répliquer à chaque fois qu'elles ont été prises à partie ou dans des tirs croisés » selon un porte-parole militaire, ajoutant que « les avions français n'ont tiré aucune arme à aucun moment de cette crise ». La France est liée au Tchad par des accords de coopération militaires qui prévoient une aide logistique, médicale, de formation et dans le renseignement, des éléments déterminants qui ont déjà permis au président Deby de connaître au détail près les mouvements de la rébellion. En tout état de cause, le président Deby se trouve cette fois contraint de tirer les conséquences de cette rébellion, une de plus. Il en connaît les raisons avec exactitude, puisque des membres de son entourage et de sa propre famille en sont les leaders.