“L'église évangélique est actuellement la doctrine qui progresse le plus dans le monde parce qu'elle s'adresse à des individus souvent livrés à eux-mêmes et qui vivent dans des conditions sociales précaires”, a expliqué, hier, le journaliste Slimane Zeghidour, interrogé dans le cadre de l'enquête diffusée par la Chaîne III de la Radio nationale et consacrée à la problématique du prosélytisme en Algérie. Le phénomène n'est donc pas propre à l'Algérie puisque même les pays traditionnellement catholiques se plaignent actuellement de cette poussée mondiale de l'action des églises évangéliques. Un constat que partage Mgr Teissier, archevêque d'Alger, qui note d'ailleurs que “ceux qui ont été le plus visés par ce phénomène ce sont les adeptes de l'église catholique”. L'Amérique du Sud, le Proche-Orient et l'Afrique sont les régions visées par cette stratégie mondiale des évangélistes. Certes, en Algérie, le phénomène est toujours considéré comme marginal et la Constitution garantie la liberté de conscience, mais le ministre des Affaires religieuses, Bouabdellah Ghoulamallah, martèle qu'“il faut veiller à ce qu'il ne devienne pas une menace pour l'unité de la nation”. Pour le président du Haut Conseil islamique, M. Cheikh Bouamrane, “l'action du prosélytisme existe depuis très longtemps en Algérie, mais ces dernières années, elle est seulement devenue plus visible et les gens ont tendance à s'assumer au grand jour”. Le président du HCI se souvient, en effet, des actions menées par les missionnaires dans les régions d'Oran, Aflou, Aïn Sefra et Ouargla, mais, pour lui, “c'est surtout la misère, le chômage et les problèmes sociaux qui attirent les gens vers la conversion” et non pas “la conviction religieuse”. Ce qui dérange surtout dans l'action des églises évangélistes, d'après M. Bouamrane, c'est le discours adopté à l'égard de l'islam. “Le problème c'est que leur action est basée sur le dénigrement de l'islam, du Prophète et du Coran. Celui qui veut devenir chrétien est libre, mais on ne veut pas d'une action clandestine qui dévalorise l'islam”. Cependant, relève M. Ghoulamallah, “ces gens méprisent la loi et créent des lieux de culte sans autorisation des autorités compétentes”, alors que “même pour la création d'une mosquée, il faut une autorisation du ministre lui-même”. M. Bouamrane qui plaide pour le dialogue des religions relève que l'activité cultuelle des musulmans dans les pays occidentaux “est toujours suspectées”. “Alors on demande la réciprocité. Que les choses se fassent au grand jour. On ne peut pas les empêcher de faire leurs prières, mais que cela se fasse dans le respect des lois du pays”, clame-t-il. H. S.