Les soixante mille habitants que compte cette ville seront déplacés en 2015. En attendant, toute construction est interdite autour et dans le périmètre d'exploitation du champ de pétrole considéré comme l'une des “mamelles de l'Algérie”. En raison de la complexité de ce méga-chantier, la délocalisation de la ville de Hassi-Messaoud prendra du temps. “Les travaux de terrassement débuteront le 1er semestre 2009. La nouvelle ville sera achevée en 2015”, nous indique le directeur général de l'ENVH, l'Epic chargé de conduire ce gigantesque projet. Ce qui justifie cet exode forcé, c'est qu'une grande partie des habitants de la ville se trouve sous la menace des risques liés à l'activité industrielle, c'est-à-dire de production et de transport de pétrole, considérés comme très dangereux. Des constructions sont à proximité de têtes de puits ou d'installations industrielles, d'autres dans le périmètre d'infrastructures pétrolières, d'autres encore sont bâties sur des pipes. Pour prévenir des accidents, voire une catastrophe majeure, l'Etat a décidé en 2004 de délocaliser la ville de Hassi-Messaoud. En 2005, un décret exécutif classe Hassi-Messaoud comme zone à risques majeurs. Le 18 septembre 2006, un nouveau décret fixe les missions, l'organisation, et les modalités de fonctionnement de l'organisme de la ville nouvelle de Hassi-Messaoud. Ce dernier, chargé du projet de délocalisation, est opérationnel depuis 2007. Il vient de procéder à l'ouverture des plis pour le choix des bureaux d'études chargés des études d'exécution et d'assistance à la supervision des travaux. L'année 2008 sera consacrée à la conception dans les détails de la nouvelle ville. Quatre consortiums sont candidats à ce marché. Les chefs de file de ces groupements sont respectivement chinois, canadiens, français et sud-coréens. Au cours du 1er trimestre 2009, la société ou le consortium chargé de la réalisation sera choisi. Les travaux débuteront en principe le 2e trimestre 2009. Une oasis et un grand pôle de recherche pousseront à 80 kilomètres de Hassi-Mesaoud Les grandes lignes du plan de la ville sont déjà esquissées. En effet, le schéma directeur d'aménagement de l'agglomération a été adopté en Conseil interministériel en juin 2007. La nouvelle ville sera implantée à 80 kilomètres au nord de Hassi-Messaoud, non loin de la route qui mène à Touggourt. Elle est conçue pour abriter 80 000 habitants. Une bonne partie de l'agglomération accueillera le personnel des entreprises du groupe Sonatrach. Les salariés des compagnies étrangères seront également logés dans cette nouvelle ville. Ce qui veut dire que les soixante mille habitants que compte actuellement Hassi-Messaoud résideront à partir de 2015 dans la nouvelle ville. “On estime son coût entre 5 à 6 milliards de dollars”, relève le DG de l'ENVH, M. Zeriati. L'Etat a dégagé une enveloppe de 50 milliards de dinars. La nouvelle ville sera dotée de toutes les commodités. On prévoit notamment un hôpital de 240 lits, quatre centres culturels, un théâtre, un musée, un marché de gros, un grand espace commercial, deux grands hôtels privés, deux piscines et nombre de terrains de sport. Un pôle de recherche dans l'amont y sera édifié regroupant en particulier l'institut algérien du pétrole et le Centre de recherche de Sonatrach (CRD). Une ceinture verte de 300 hectares protègera la ville des vents chauds. Un lac artificiel poussera au cœur de la ville. Une sorte d'oasis sera ainsi créée. L'aspect environnemental ne semble pas négligé. Il est prévu beaucoup d'espaces verts. Une station d'épuration figure également dans la liste des infrastructures d'accompagnement. En matière de conception, le cachet architectural local épousera le style moderniste. On a opté pour des constructions en R+2 esthétiques à première vue. On prévoit aussi une zone logistique, une sorte de zone industrielle à 10 kilomètres au sud de la nouvelle ville, qui abritera les installations industrielles, de maintenance qui seront transférées de Hassi-Messaoud ainsi que de nouveaux projets d'investissement, notamment de PME. Cette agglomération ainsi que cette zone seront desservies par la nouvelle voie ferrée Touggourt-Hassi-Mesaoud qui reliera ainsi le lieu de travail à la nouvelle ville. Pour la route, le dédoublement de la voie Touggourt-Hassi-Messaoud est en cours de réalisation. Enfin, l'équipe de 12 personnes que compte aujourd'hui l'ENVH veut faire contribuer l'expertise locale à la conception et à la réalisation de ce mégaprojet. En l'occurrence, des enseignants chercheurs algériens de l'Ecole d'architecture d'Alger (Epau) ainsi que d'universités algériennes seront sollicités. Le projet pourrait être ainsi un modèle de réhabilitation de l'urbanisme en Algérie et de mobilisation des compétences locales. N. Ryad