Un plan d'action national de prise en charge des toxicomanes vient d'être lancé par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Selon la cellule de communication du département de M. Tou, il s'agit de la réalisation de 15 centres de cure de désintoxication et de 53 centres intermédiaires de soins aux toxicomanes. Un programme bien ambitieux et qui devrait sans aucun doute booster encore plus la lutte contre la drogue qui devrait être une priorité nationale. Concernant la formation du personnel d'encadrement de ces centres, du côté du ministère, on nous informe qu'un certain groupe Pompidou (un groupe du conseil de l'Europe de coopération en matière de lutte contre l'abus et le trafic illicite de stupéfiants) devrait s'en occuper. Dans le cadre du réseau MedNet, il aurait déjà proposé aux “institutions algériennes” ses services. C'est dans ce cadre qu'un séminaire national de formation pour la prise en charge des toxicomanes dans un centre de désintoxication se déroulera les 10, 11 et 12 de ce mois-ci à l'Institut national de santé publique (INSP) à Alger. Une initiative d'où sortiront (on l'espère) des résultats tangibles. Il faut le dire, et le crier même, il y a urgence dans la demeure. Combattre la propagation de la drogue devrait être élevé au statut d'urgence nationale, et il ne faut plus se contenter de séminaires par-ci et de rencontres dans des salons par-là. Déjà, les chiffres donnés dernièrement par le directeur des douanes algériennes, Mohamed Abdou Bouderbala, donnent l'alerte et une idée, même minime, de la dimension de la catastrophe qui s'annonce. Selon ce responsable, depuis 2005, plus de 10 tonnes de kif traité (résine de cannabis) ont été saisies à l'échelle nationale. M.Bouderbala avait mis l'accent sur les itinéraires des contrebandiers qui achemineraient la drogue par les ports d'Alger, Oran, Béjaïa et Skikda ainsi que ceux de Ghazaouet et de Aïn Témouchent, en plus des aéroports, notamment d'Oran et d'Annaba. Des chiffres qui peuvent paraître dérisoires, mais qui montrent surtout qu'il y en a beaucoup plus sur le territoire. En plus de la douane, il faut ajouter les nombreuses et presque quotidiennes saisies réalisées par la Gendarmerie nationale, surtout au niveau des frontières Ouest. Des quantités qui étaient, il y a quelques années, juste “de passage” puisque notre pays était considéré comme un pays de transit pour l'Europe. Ces dernières années, la donne a totalement changé et l'Algérie est devenue un gros marché de consommateurs dont les “clients” deviennent de plus en plus nombreux et surtout… gourmands. À tel point que le cannabis est devenu presque anodin. Que ce soit dans les lycées, les universités et les quartiers et même les CEM “la chira” est entrée dans le lexique et en même temps dans les poumons de nos jeunes. Devant l'étendue de la catastrophe, on se retrouve maintenant dans un marché de cocaïne et cela malgré les prix inaccessibles pour beaucoup. On passe carrément maintenant à la cocaïne. En plus des ports, des frontières Ouest, il y a aussi d'autres itinéraires. Ainsi, les côtes nord-est de l'Algérie sont devenues ces dernières années une plaque tournante d'un vaste réseau mondial de cocaïne venant de l'Amérique latine. Déjà en juin 2006, près de 8 kg de cocaïne ont été saisis au niveau d'El-Tarf et Annaba. Depuis, rien ne semble arrêter ce trafic qui dans la région Est semble prendre des propensions de plus en plus énormes. On y associe même le trafic de corail avec l'Italie qui est presque toléré. Il suffit d'aller faire un tour du côté d'El-Tarf pour être édifié. Last but not least, le terrorisme aussi n'est pas “loin”, ce qui d'ailleurs ne peut surprendre personne. Les dernières déclarations du ministre de l'Intérieur dans lesquelles il a affirmé que la plupart des kamikazes étaient drogués, viennent confirmer, encore une fois, le lien étroit entre les deux fléaux. Sauver notre jeunesse de la drogue ne doit plus être restreint à des slogans creux dont le pays n'a plus besoin et surtout ne peut plus supporter. Les initiatives doivent émaner de tous les secteurs pour pouvoir élaborer un plan de sauvetage et travailler en collaboration pour avoir des résultats tangibles. Ce n'est pas sorcier pourtant. Il suffit juste de la volonté, de la bonne volonté. Salim KOUDIL