Reconnaissant que la consommation des drogues dures est en nette progression, le ministre de la Santé a parlé de la réalisation de 15 centres de cure de désintoxication, qui viendront soulager la forte demande sur les deux structures existantes (l'une à Blida et l'autre à Oran). À l'ouverture d'un séminaire de formation de médecins et de paramédicaux sur la prise en charge des drogués, hier, à l'Institut national de la santé publique, le ministre de la Santé et le directeur général de l'Office de lutte contre la toxicomanie, Abdelmalek Sayeh, ont révélé que la consommation de la drogue est en nette progression dans le pays, notamment chez la frange d'âge comprise entre 18 et 24 ans. Abdelmalek Sayeh a indiqué que 9 tonnes de cannabis ont été saisies en 2005. Cette quantité a quasiment doublé en deux ans, puisque l'année dernière, ce sont 16,5 tonnes qui ont été récupérées par les services des douanes et sanitaires. En conséquence, le nombre des toxicomanes a sensiblement augmenté. En 2006, les hôpitaux spécialisés ont accueilli 4 306 personnes et quelque 5 554 l'année suivante. Ces chiffres ne sont, certes, pas exhaustifs puisqu'ils ne comptabilisent que les cas pris en charge par des équipes médicales, sans considération pour les milliers de jeunes qui consomment occasionnellement ou régulièrement de la drogue sans atteindre encore le stade extrême de l'accoutumance. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Amar Tou, a corroboré le constat de M. Sayeh, en soulignant que “l'Algérie, qui était jusque-là un pays de transit pour le trafic de drogue, est devenue un pays de consommation. 50% des quantités de drogue transitées sont consommées localement alors qu'il y a quelques années ce taux ne dépassait pas les 5% à 10%”. De son avis, les drogues proviennent de l'extérieur du pays. La culture du cannabis, dans certaines régions du pays, particulièrement du Sud, n'étant pas importante. Le président du Comité national de lutte contre la toxicomanie, le Pr Bachir Ribouh, a noté qu'“en Algérie, il s'agit plutôt de politoxicomanes qui sont des personnes qui consomment de l'alcool, des psychotropes et d'autres drogues à la fois”. À ce propos, les responsables du secteur de la santé ont reconnu que la consommation des drogues dures est en nette progression dans une société minée jusqu'alors par la prise de cannabis et de psychotropes. Le ministre de la Santé a mis l'accent sur la nécessité de mettre en œuvre une politique efficiente de lutte contre la toxicomanie. Il a parlé de la réalisation de 15 centres de cure de désintoxication, qui viendront soulager la forte demande sur les deux structures existantes (l'une à Blida et l'autre à Oran). En attendant la concrétisation de ces projets, le membre du gouvernement a évoqué l'installation de centres intermédiaires, incarnés par un nombre de lits d'hôpitaux réservés aux drogués en cours de sevrage. Il a promis également d'ouvrir une cellule d'écoute dans chaque wilaya afin d'assister autant les consommateurs de stupéfiants que leurs familles. L'efficacité de la prise en charge demeure, toutefois, tributaire, de la bonne connaissance de la pathologie par les médecins qui s'occupent des toxicomanes. C'est justement la mission que s'est assignée le groupe Pompidou, rattaché à l'Union européenne. Hier à l'INSP, un séminaire de trois jours a démarré, à l'intention des médecins et paramédicaux. Cette formation est assurée par des experts français et libanais, dans une première phase. Pour Mme Florence Mabileau-Womsley, responsable de programme, il s'agit surtout d'un forum de discussion entre spécialistes de pays conglomérés dans un réseau méditerranéen (Algérie, Maroc, Tunisie, France, Italie, Espagne et Portugal). Elle a précisé que l'apport de son groupe consiste à financer des formations en matière de lutte contre l'abus et le trafic illicite des stupéfiants et d'enquêtes en la matière. Souhila H.