Profitant de la conférence de presse organisée hier au siège de la direction générale d'Air Algérie, le DG par intérim de la compagnie nationale a fait une déclaration qu'on peut facilement estimer annonciatrice d'une nouvelle donne sur le marché national aérien. “On n'a pas été demandeur. Nous n'avons pas demandé le monopole du réseau domestique”. Le DG par intérim s'appuiera sur la “réussite” des lignes extérieures dans lesquelles “son entreprise” a montré de quoi elle est capable. “Il ne faut pas oublier que devant pas moins de 15 compagnies étrangères nous avons pu nous démarquer et avoir plus de 50% de parts de marché”. Une réaction qui remet (encore une fois) sur le tapis, le sujet de l'exploitation des lignes intérieures actuellement sous le monopole d'Air Algérie (depuis 2003 et la liquidation de Khalifa Airways). Présents à la conférence de presse, M. Baâli, le président du Conseil des participations de la compagnie nationale et SG du syndicat UGTA (d'Air Algérie), est même allé jusqu'à espérer la présence de concurrents sur les lignes intérieures. “Cela va nous permettre de partager nos pertes. Il ne faut pas oublier par exemple que l'entreprise est déficitaire sur les vols vers le Sud par exemple. Si on appliquait les prix réels, cela pourrait monter jusqu'à cinq millions de centimes. Ce qui ne peut pas se faire parce que tout de même on ne va pas laisser nos compatriotes sans aide”. Notons que malgré cette “aide” le vol Tamanrasset-Alger (aller-retour) coûte plus de deux millions de centimes, soit presque deux fois le Smig. Pour justifier ce prix et les “sacrifices” consentis par la compagnie, Hadj Rabia demandera “de faire une comparaison avec les prix des autres vols qui durent plus de deux heures, et vous verrez la grande différence”, affirmera-t-il. La rencontre d'hier avec la presse a aussi permis aux responsables de la compagnie nationale de revenir sur les résultats des assises qui se sont tenues la semaine passée. Le DG par intérim entonnera la nouvelle stratégie préconisée après les recommandations de la semaine passée. “Notre politique maintenant n'est plus tournée vers le produit, mais vers le client qu'on veut fidéliser”. Il précisera : “On fait de la maintenance préventive et non curative.” Un cap vers lequel les cadres de la compagnie présents à la conférence de presse misent beaucoup pour “redonner une autre image d'Air Algérie”. De par leurs déclarations, il était clair que tout le monde s'apprête à prendre un nouveau plan de vol même si Hadj Rabia insiste sur le fait qu'“Air Algérie n'est pas déstructurée. Nous sommes une entreprise équilibrée qui recherche mieux”. La nouvelle stratégie sera basée, comme l'ont indiqué les dirigeants, hier, sur les “piliers” préconisés à partir des résultats des assises. Il s'agit, comme cela a été annoncé hier de la mise en place de trois comités : stratégique, de pilotage et de suivi, en plus de la périodicité des réunions entre dirigeants (chaque quinzaine). “On va réaliser nos promesses” est la promesse des responsables de la compagnie à l'encontre des passagers. Ces derniers, cela va de soi, sont d'ores et déjà impatients de les voir se concrétiser sur le terrain. “On veut gagner beaucoup d'argent”, a précisé le DG par intérim. Cet objectif pécuniaire ne peut être réalisé, selon Hadj Rabia, “sans une bonne communication” qui, et tout le monde n'a cessé de le constater, était (jusqu'à ce jour) une des tares principales de l'entreprise. À propos des salaires des travailleurs d'Air Algérie, M. Baâli s'est dit satisfait. “Nous avons demandé des augmentations et la direction a donné son avis favorable facilement.” Il ajoutera : “Le travail est maintenant au niveau des commissions dont les résultats des travaux seront connus à la fin février.” Salim KOUDIL