Contre toute attente, le Chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, n'a aucunement fait allusion à son leitmotiv d'un troisième mandat pour le président de la République, lors de l'ouverture, hier, du colloque régional organisé à Mostaganem, à l'initiative de l'Union nationale des zaouïas d'Algérie (Unza). Dans son intervention remarquablement brève, il s'est limité à rappeler le rôle de cette catégorie d'hommes de culte qu'est le taleb, dans la pérennité de la résistance aux offensives spirituelles étrangères à travers différentes ères de l'histoire, en insistant sur la nécessité de la préservation d'un tel acquis patrimonial, tout en œuvrant pour son épanouissement par une meilleure adaptation des méthodes et des moyens didactiques consacrés à l'apprentissage du Coran. Relayant le Chef du gouvernement, Cheikh Bouamrane, président du Haut-Conseil islamique, mettra en exergue les facteurs de convergences et de divergences interreligieux, suggérant l'élaboration de traités à entériner par les organisations mondiales, à l'instar des Nations unies, imposant le respect du culte d'autrui. “Sans les avoir guère incités, ni leur avoir envoyé des missionnaires, nombre de savants se sont convertis, de par le monde, à l'islam ! Alors pourquoi toutes ces tentatives d'évangélisation que nous subissons chez nous ?'', s'est-il insurgé contre ces “provocations déguisées” qu'aucun traité ne réprime, laissant libre cours à quiconque ose porter préjudice à la religion de l'autre. “Face à de telles provocations, l'apprentissage du Coran demeure plus que jamais l'arme la plus efficace pour la résistance”, dira-t-il en conclusion de son intervention inaugurale du colloque. L'apprentissage du Coran dans ses aspects pratique et théorique, c'était l'objet central de la rencontre abritée par la maison de la culture Ould-Abderrahmane-Kaki de Mostaganem. Une rencontre à laquelle ont pris part des chouyoukh des zaouïas et doctrines du soufisme, des régions ouest et sud-ouest du pays, mais également des wilayas d'Alger, Tizi Ouzou, Oum El-Bouaghi et Djelfa. Au programme de la première journée de la rencontre s'étalant sur deux jours, il a été question de l'apprentissage du Coran, aussi bien sur le plan théorique que pratique et pédagogique. Nombre de représentants des zaouïas exposeront à la discussion l'expérience de leur fondation en matière d'enseignement du Livre Saint. Au menu du second jour des travaux, il s'agira de développer la problématique d'un tel apprentissage, ainsi que celle de la traduction du Coran. Tout au long du séminaire, les participants auront suivi une série de conférences dispensées par d'éminents spécialistes et chercheurs, à l'instar du professeur Bouamrane, président du Haut-Commissariat islamique, du Dr Fodhil de l'Université de Tlemcen et spécialiste du soufisme ou encore Si Hadj Mohand Tayeb, qui s'attelle à la délicate œuvre de la traduction du Coran en tamazight, dont la communication inscrite dans le cadre du colloque avait pour objet l'apprentissage du Coran en Kabylie. Parallèlement aux travaux de la rencontre, les séminaristes ont débattu du statut particulier du taleb. À ce sujet, il convient de noter qu'il était question de la discussion d'un avant-projet de statut élaboré, à l'initiative de l'Union nationale des zaouïas, par une commission présidée par l'ancien ministre de la Justice, le Dr Tekia Mohamed. Le projet amendé et enrichi vise à définir les droits et devoirs du taleb afin de mieux le sécuriser, en sa qualité d'homme de culte. Un statut particulier lui permettant le bénéfice de la couverture sociale, qui sera soumis au président de la République, en vue d'une éventuelle officialisation, par ordonnance présidentielle. Les concepteurs privilégient cette voie de l'ordonnance, car ils craignent d'éventuels amendements allant à l'encontre des vœux de l'union, pouvant être introduits au niveau de l'APN, a-t-on appris dans les coulisses du colloque. En guise de récréation, les participants ont été conviés à une soirée religieuse que la zaouïa Sidi Hamou Cheikh a eu l'honneur d'abriter. M. O. T.