“La loi du taleb”, débattue et enrichie par les confréries et les congressistes, a affirmé M. Chalal, “sera transmise aux mains du président Bouteflika (…) Je ne le transmettrai à aucun parti politique ni au FLN, ni au RND, ni au PT ou autres formations politiques. Même pas au Chef du gouvernement car il est d'obédience FLN”. Le congrès de l'Union nationale des zaouïas algériennes (Unza), bloqué à son premier jour jusqu'à 15 heures, a finalement eu lieu. Il aura fallu des interventions au plus haut niveau de l'Etat pour enterrer le quiproquo administratif. Pour preuve, le ministre de la Solidarité nationale, Djamel Ould-Abbès, a tenu à marquer, hier, sa présence à la clôture des travaux de cette rencontre qui a failli tourner au fiasco. Et pour la bonne cause — même si le ministre des Affaires religieuses, Bouabdallah Ghoulamallah, a brillé par son absence — les confréries se sont réconciliés, l'espace du règlement du contentieux relatif à l'autorisation de la wilaya de Tipasa pour finalement tenir leur congrès. Et même si Ould-Abbès n'a pas été explicite dans son propos, Cheikh Dehah, a été on ne peut plus clair dans sa déclaration : “Nous ne remercions jamais assez le ministre de la Solidarité nationale pour ce qu'il fait pour les zaouïas et nous soutenons le président de la République, le frère Abdelaziz Bouteflika, dans son œuvre et à poursuivre les efforts consentis au profit de la nation.” Bien avant, le ministre de la Solidarité a signifié aux représentants des confréries présents que toutes les aides qu'il propose aux zaouïas sont l'œuvre du chef de l'Etat. Et cette bonne cause, l'appel à Bouteflika à se présenter pour briguer un troisième mandat en 2009, qui a “soudé” encore une fois les rangs des zaouïas et qui a permis la tenue de ce congrès qui allait être purement et simplement annulé. “Ne me parlez surtout pas du troisième mandat car il est déjà assuré. Parlez moi du quatrième et pourquoi pas du cinquième !”, s'est laissé exprimé Ould-Abbès comme pour emboîter le pas aux ambitions des confréries et dépasser l'effet d'annonce. Un effet d'annonce, aux yeux des responsables des zaouïas, qui s'apparente à une relance du débat relatif au troisième mandat de Bouteflika quand on sait que ce sujet qui a défrayé la chronique depuis quelque temps a complètement été “évacué” des débats et des discussions de coulisses. Et pour doper la chose, Ould-Abbès a bien voulu rassurer l'Unza. “L'ensemble des confréries doivent être affiliées à l'Union nationale des zaouïas pour mieux prendre en charge les volets et les besoins des confréries en Algérie. Toutes les aides que le département de la Solidarité offre aux confréries sont l'œuvre du Président. Et je ne fais qu'appliquer ses instructions !”, dira Ould-Abbès. Plus qu'une déclaration, il s'agit d'une réponse d'Ould-Abbès à Ghoulamallah, ce dernier ayant l'honneur de placer sous sa tutelle l'Association nationale des zaouïas pendant qu'Ould-Abbès chapeaute l'Unza. “Je suis aussi un enfant de la zaouïa ! Et je suis là pour souder les rangs et unifier toutes ces confréries. Il n'existe point de guerre de leadership dans nos confréries !”, dira encore le ministre comme pour plomber les visions dissidentes. Et sur ce point précis, Mahmoud Chalal, président de l'Unza — plébiscité pour un mandat de 5 ans par l'Assemblée générale — a indiqué que le Conseil national, composé autrefois de 69 membres (dont 5 sont décédés) a été élargi à 161 membres issus de huit grandes régions du pays et représentant les 48 wilayas. “Nous n'avons écarté personne ! Chez nous, tout le monde gagne. On parlait d'opposition ?! Il n'y a aucune opposition. Le congrès s'est déroulé dans une ambiance bonne enfant et tout le monde est fier de cette réussite. Quant à moi, j'ai été plébiscité par l'Assemblée générale après avoir adopté le bilan moral et financier devant un huissier de justice. Et c'est cet esprit de démocratie et de transparence qu'il faudra relever”, dira M. Chalal lors d'un point de presse animé à l'issue des travaux du congrès qui s'est tenu les 10 et 11 mai dernier à l'hôtel le Grand-Bleu de Tipasa. Insistant sur le caractère social de son organisation, M. Chalal a mis en valeur une plate-forme, appelée “la loi du taleb”, débattue et enrichie par les confréries et les congressistes. “Ce projet de loi sera transmis aux mains du président Bouteflika”, dira M. Chalal. Et d'ajouter : “Je ne le transmettrai à aucun parti politique, ni le FLN, ni le RND, ni le PT ou autres partis. Même pas au Chef du gouvernement car il est d'obédience FLN. Aux zaouïas, nous formons des citoyens et non des militants. Ce projet de loi devra protéger davantage les élèves qui passent par les zaouïas et qui ont besoin d'une prise en charge efficiente. C'est la raison pour laquelle notre union revêt du caractère beaucoup plus social que religieux. Les gens doivent savoir que les zaouïas sont des entitées indépendantes qui se prennent elles-mêmes en charge. Et les élèves travaillent souvent avec des moyens dérisoires ! Ce vide juridique qui a longtemps régné doit être réglé pour permettre aux taleb d'évoluer et de travailler dans un cadre plus organisé et meilleur." De notre envoyé spécial à Tipasa : Farid Belgacem