Il y a bien des lustres que la magnifique enceinte du stade Zabana n'avait pas connu une affluence aussi spontanée, coloriée, joyeuses, voire même un peu indisciplinée mais juste ce qu'il faut. les portes du stade se sont ouvertes le week- end dernier pour laisser passer une déferlante de gamins et gamines, âgés de 8 à 14 ans, des scolaires et des “gavroches” d'El-Hamri, Medioni… Pour la majorité de ces jeunes, c'étaient la première fois qu'ils foulaient le gazon du stade, dévoué jusqu'ici au foot, et ce, grâce à des sportifs émigrés qui avec un cœur énorme, un cœur “gros comme ça”, sont venus bénévolement à Oran pour initier les jeunes au Rugby, à l'ovalie, comme l'on dit de l'autre côté de la Méditerranée. Ces émigrés, tous joueurs de rugby dans le championnat français, ont, avec leurs “potes” sénégalais ou encore français, eux aussi rugbymen, choisi de s'investirent pour des jeunes enfants en Algérie, leur apporter le bonheur et le plaisir de jouer à ce sport “porteur de valeurs de respect, de solidarité et de convivialité”. Des valeurs qui font tellement défaut dans nos stades, et dans la société d'aujourd'hui. L'initiative, qui a été portée par M. Benhassane, qui avec l'appui de la DJS et d'autres à Oran, a créé “le Stade oranais”, un club de rugby. Celle-ci est venue aussi de la naissance de la sélection nationale algérienne de Rugby. Créée il y a un peu plus d'un an, composée de joueurs évoluant en France ou en Angleterre, cette sélection a déjà fait parler d'elle lors d'un match contre l'équipe tunisienne. Un match gagné. “C'était le premier match officiel de la sélection. Je vous dis pas, avec l'hymne national, les couleurs de l'Algérie, à la fin du match, nous avons ressenti une émotion très forte, l'un des moments les plus forts !... C'est comme ça quand on est algérien. On ressent ces choses très fort même si on est émigré...”, nous explique le visage radieux le sélectionneur joueur de l'équipe, qui, durant quelques jours, s'est transformé en éducateur bénévole. Sur le terrain, la quinzaine de bénévoles ont été débordés par le nombre d'enfants qui se sont déplacés pour participer aux portes ouvertes sur le rugby et s'initier à ce sport. Par groupe de 10, les enfants se sont amusés à faire des passes, à apprendre à faire un placage, à taper dans ce ballon oval si particulier. “Il est drôle le ballon, il rebondit bizarrement sur le sol...”, nous explique Mohamed, un gosse d' El-Hamri. Même des filles sont venues en masse et ont également pu s'initier à ce sport. C'était un réel bonheur de voir des gamines se jeter sur le ballon, faire un plaquage, les yeux brillants de bonheur et de plaisir. C'est l'une des récompenses de ces bénévoles d'un week-end.L'un d'entre eux, un balèze de plus d'un 1,80 m, nous montre un garçon d'une dizaine d'années “collé à ses baskets” : “Il est venu au stade depuis le matin. Il est tout seul. Il ne nous a pas quittés un instant !...”. Et entourant d'un bras protecteur ce gosse, cet émigré rugbyman poursuit : “C'est pour ces enfants aussi que l'on fait ça. Il n'y a rien pour eux. Ils ont tellement besoin d'attention ! Notre récompense c'est leur sourire.” Plus sportivement, cette initiative devrait à terme déboucher sur la création de petite section de rugby et d'aller vers le sport scolaire et universitaire afin de lancer la pratique du rugby dans notre pays. La dernière Coupe du monde qui s'est déroulé en France a eu aussi un impact ici chez nos enfants qui s'y intéressent désormais. C'est peut-être à partir d'Oran que le rugby va prendre sont envol, tel un ballon de rugby botté au milieu des barres pour un drop gagnant. Quoi qu'il en soit ce week-end fut un essai gagnant ! F. BOUMEDIENE