Les étudiants et chercheurs de l'université de Béjaïa pourront désormais être admis à l'université d'Ottawa. Les étudiants de cette université pourront, de leur côté, séjourner à Béjaïa dans les mêmes conditions. C'est là, l'un des chapitres de la convention signée entre les deux recteurs dimanche matin à Béjaïa. Cette convention vient compléter le réseau déjà mis en place depuis l'arrivée à sa tête par M. Djoudi Merabet, recteur de l'université de Béjaïa. Et c'est une première avec une université de type anglo-saxon. Ce réseau fort est désormais composé d'une trentaine de conventions. Outre les avancées technologiques, la qualité de l'enseignement, l'université de Béjaïa qui s'inscrit dans une stratégie de développement et d'intégration dans l'économie locale et nationale, a besoin du coaching et de l'expérience de l'université d'Ottawa qui, par ailleurs, n'a connu que le système LMD actuellement en vigueur en Algérie. L'axe est mis particulièrement sur les sciences humaines, le génie informatique et les technologies de l'information. L'université de Béjaïa a ouvert la première école doctorale en la matière. L'université d'Ottawa a plusieurs avantages qui pourraient intéresser celle de Béjaïa, notamment le fait qu'elle se situe dans la capitale, la seule qui dispense un enseignement et des formations bilingues (français-anglais au choix), un fonctionnement qui chevauche le public et le privé tant elle dépend des subventions et des dons, mais aussi de l'apport du secteur privé. Toutefois, les étudiants doivent s'acquitter de frais d'inscription relativement élevés. Ce volet est pris en charge dans la convention. Les étudiants algériens ne payeront pas ces frais, hormis ceux de l'hébergement et les assurances. Même chose pour les étudiants canadiens qui séjourneront à Béjaïa. Le but, selon M. Gilles Patry, recteur et vice-chancelier de l'université d'Ottawa, est d'augmenter le nombre d'étudiants étrangers au Canada et d'encourager les étudiants canadiens à faire des séjours à l'étranger. Son université, fondée dans les années 1800, a signé quelque 250 conventions et ententes avec une cinquantaine de pays. C'est également une université cosmopolite qui dispense des formations à 90% des programmes bilingues, en français et en anglais. Mais le nombre d'étudiants étrangers est infime même si l'on enregistre 140 nationalités. L'université de Béjaïa accueille 600 étudiants étrangers de 23 nationalités, en majorité africaines. L'université d'Ottawa dépend en partie des crédits, mais elle demeure indépendante des bailleurs de fonds et des politiques même si ses programmes, élaborés par un comité, sont évalués chaque sept ans par les pairs. L'université de Béjaïa entend profiter de cette expérience. Expérience qu'est disposée à lui offrir Ottawa. M. Patry a eu un séjour speed sans effet du décalage horaire. Un tour à Cap Carbone, au Pic des Singes sur les hauteurs de Béjaïa l'a bien retapé. Il n'a pas caché son émerveillement devant ce site qu'il avoua n'en avoir jamais vu. Les yeux grands ouverts et le clic-clac des appareils photo ont entouré cette virée initiatique de l'ancien ingénieur en génie. Une seule note a déteint sur cette cérémonie empreinte de satisfaction, la présence d'une sommité algérienne “invitée” par le recteur canadien. Titulaire d'une des 60 chaires de recherche des universités canadiennes, le professeur Azzedine Boukerche est directeur du laboratoire Paradise de recherche, de l'Ecole d'ingénierie et de technologie de l'information. La venue de cet Oranais à l'air timide que cachent de petites lunettes ovales a apporté la preuve du désintérêt officiel à l'égard de l'élite nationale, mais surtout les raisons parfaitement compréhensibles de la fuite des cerveaux. Après Dallas et la Nasa, les Canadiens ont réussi à le “piquer”. Ils ont eu raison puisque avec ses propositions de recherche, notamment celle relative à la gestion des catastrophes et la sécurité des aéroports, il a réussi à drainer un financement de 5 millions de dollars. Ce dont parle avec fierté, M. Patry. Toutefois, il est disposé à aider les étudiants et chercheurs algériens dans le cadre de la convention signée avec l'université de Béjaïa. Bien qu'il soit parti depuis longtemps au pays des tempêtes de neige, le passage de -20° à +20° n'a pas eu d'impact sur son désir de retrouver le pays. Il a gardé pleinement son accent de l'Ouest, malgré une subtile influence anglophone. Il détaillera longuement ses travaux de recherche, sa vie au Canada et la situation des Algériens partis dans le cadre de l'immigration. Situation peu enviable, mais qu'atténue M. Patry qui justifie l'ouverture de son pays aux étrangers par le vieillissement de la population, surtout des fonctionnaires. Un déficit à combler. Djilali B.