La cherté de la vie, le chômage, la baisse du pouvoir d'achat, la promiscuité dans le logement ou les conflits familiaux sont autant de facteurs provoquant le stress et entraîner par là même toute forme de dépression. La salle de conférences de l'hôpital psychiatrique Fernane-Hanafi de Oued Aïssi (Tizi Ouzou) s'est avérée très exigue jeudi dernier pour accueillir des centaines de praticiens et de spécialistes en psychiatrie venus des quatre coins d'Algérie et de France pour prendre part aux travaux de la 8e Journée internationale de psychiatrie. En raison d'un thème aussi important retenu à l'occasion car traitant du stress et de la dépression — deux maux terribles des temps modernes —, ils étaient plus d'une centaine de spécialistes de la question à se succéder sur la tribune pour présenter une vingtaine de communications s'articulant autour du thème du jour et traitant de sujets tout aussi intéressants les uns que les autres tels que les aspects cliniques de la dépression, les évènements de vie stressants, les aspects phénoménologiques de la dépression, le stress professionnel ou encore la prise en charge des anxieux et des dépressifs. Selon le Pr Semaoun de l'hôpital militaire de Aïn Naâdja, “il s'agit là d'une véritable boucle fermée car le stress entraîne la dépression et vice-versa et c'est de nos jours un grand problème de santé publique. Dans bien des cas, cela nécessite des consultations car cela peut déboucher sur des maladies psychosomatiques telles que le diabète, les ulcères et les dermatoses multiples. Ceci dit, de tels maux ne sont pas propres à notre pays car ils sont vécus au quotidien dans tous les autres pays du monde”. Pour Dr Boudarène, psychiatre bien connu à Tisi Ouzou, “le stress et la dépression est une relation privilégiée car c'est la première manifestation de la pathologie liée au stress. On dit que le stress est un fléau du monde civilisé, ce n'est pas vrai car le stress a toujours existé depuis les époques les plus anciennes où l'espérance de vie était d'ailleurs beaucoup plus courte qu'aujourd'hui”. Le professeur Ridouh de l'hôpital psychiatrique Frantz-Fanon de Blida estime que “le stress ne date pas d'aujourd'hui. Il vit en nous et dès lors qu'il persiste durant plusieurs jours, il se traduit par des maladies psychosomatiques et des troubles gênants qui exigent une consultation médicale et un traitement approprié même si dans bien des cas les paroles apaisantes et réconfortantes d'un médecin peuvent être plus efficaces que n'importe quel médicament pour le patient. C'est dire que très souvent le réconfort psychologique peut donner de meilleurs résultats chez des patients quelque peu désemparés et qui ont surtout besoin d'être écoutés, compris et enfin rassurés”. Enfin le Dr Ziri, psychiatre expérimenté de l'hôpital Fernane-Hanafi de Oued Aïssi (Tizi Ouzou), lui-même considéré comme l'un des principaux organisateurs de ce colloque dira que “le stress est partout dans les foyers, au quartier, dans la rue et très souvent dans le milieu professionnel où chacun d'entre nous est agressé au quotidien surtout dans les grands centres urbains. Et lorsque le stress subsiste et prend des proportions alarmantes, il ne faut pas hésiter à consulter un médecin qu'il soit généraliste ou spécialiste en psychiatrie. Ceci dit, afin de lutter contre le stress, il faut multiplier les espaces verts, les centres de sport et de loisirs ainsi que les parcs d'attractions pour encourager la détente et l'évasion”, dira encore Dr Ziri encore que de nombreux spécialistes rejoindront ce dernier pour affirmer que de nombreux autres facteurs de nuisance tels que la cherté de la vie, le chômage, la baisse du pouvoir d'achat, la promiscuité dans le logement ou les conflits familiaux peuvent provoquer le stress et entraîner par là même toute forme de dépression. Mohamed HAOUCHINE