La violence s'est poursuivie, hier, et aucun signe d'un geste pour une relance du dialogue israélo-palestinien n'est perceptible, à la veille d'une tournée dans la région du secrétaire d'Etat américain, Colin Powell. Malgré les déclarations du président américain George W. Bush, qui s'est dit jeudi dernier "très optimiste” quant aux chances de M. Powell de réaliser une percée vers une reprise des négociations, les espoirs sont torpillés par la poursuite des attentats et meurtres ciblés qui ont tué cinq Palestiniens le même jour. Dans la nuit de jeudi à vendredi, cinq roquettes artisanales de type Qassam ont été tirées par des Palestiniens à partir de la bande de Gaza sur la localité de Sdérot, dans le sud d'Israël, blessant légèrement une fillette. L'une des roquettes est tombée près d'un jardin d'enfants. Ces tirs ont été revendiqués par le mouvement intégriste Hamas qui les a présentés comme une “riposte” à la mort, la veille, d'un activiste de sa branche armée, tué dans un raid d'hélicoptère israélien à Gaza. En outre, l'armée israélienne a démoli à l'aube sept maisons abritant dix familles à Deir El-Balah, dans la bande de Gaza, au lendemain d'une attaque suicide avortée dans ce secteur. Un kamikaze a péri en lançant sa voiture bourrée d'explosifs contre un char sans faire de victime parmi l'équipage. Un couple d'habitants a été blessé lors des démolitions dénoncées comme un “crime” par l'Autorité palestinienne. La nomination pour la première fois d'un Premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas, partisan d'une démilitarisation de l'Intifadha, avait ravivé les espoirs d'un arrêt des attentats, qu'aurait encouragé un certain nombre de “gestes de bonne volonté” israéliens. Mais les groupes radicaux palestiniens ont continué leurs attaques en critiquant l'appel de M. Abbas à les désarmer. Le gouvernement de droite israélien d'Ariel Sharon s'est refusé, pour sa part, à alléger la pression sur les Palestiniens, notamment la levée du blocus et le retrait de ses troupes, sans un arrêt préalable des violences, alors que l'armée poursuivait ses meurtres ciblés d'activistes palestiniens. Le secrétaire général du parti travailliste israélien (opposition), Ofer Pines, a demandé “la suspension des liquidations” estimant qu'elles minaient les chances de M. Abbas d'asseoir son autorité. M. Powell est attendu aujourd'hui en Israël pour lancer la “feuille de route”, un plan de règlement international du conflit israélo-palestinien remis officiellement le 30 avril aux protagonistes et prévoyant la création par étapes d'ici à 2005 d'un Etat palestinien. Ce plan appelle au départ les Palestiniens à stopper les attentats et demande à Israël de retirer ses troupes des zones autonomes réoccupées depuis le début de l'Intifadha en septembre 2000 et de geler la colonisation dans les territoires occupés. M. Powell doit s'entretenir dimanche avec M. Sharon puis voir M. Abbas, mais a exclu toute rencontre avec le dirigeant palestinien Yasser Arafat. Le ministre palestinien de l'Information Nabil Amr, pourtant un opposant à M. Arafat, a critiqué l'insistance des Américains à marginaliser M. Arafat. “On ne peut pas boycotter un président élu”, a-t-il déclaré à la radio israélienne. Après leur victoire en Irak avec le renversement du président Saddam Hussein, les Etats-Unis ont affirmé que l'une de leurs priorités était désormais la remise sur les rails du processus de paix au Proche-Orient. Dans ce contexte, M. Bush devait annoncer vers 19H00 GMT un plan global pour le Moyen-Orient prévoyant l'établissement dans les dix ans d'une zone de libre-échange entre cette région et les Etats-Unis. Il devrait évoquer les opportunités offertes par la présentation de la “feuille de route” et la nomination d'un Premier ministre palestinien.