Les 530 travailleurs de l'unité d'Alver (groupe Enava) s'inquiètent sur leur sort. Ceux-ci dénoncent “la mainmise sur les biens, les créances, les stocks de produits finis, les stocks de pièces de rechange, les équipements de production du verre plat, un lot de terrain d'une grande superficie ainsi que du matériel roulant représentant des dizaines de milliards de centimes”. Mais aussi et surtout “le montant dérisoire correspondant à 10% des actions qui sera cédé au profit des salariés ayant une année et un jour de travail dans la société”. Voici essentiellement les principaux griefs des travailleurs de cette usine de fabrication du verre creux. “45% de la production nationale sont fabriqués par Alver”, affirment, la gorge nouée, des travailleurs. Le chapelet des revendications est d'ordre professionnel pour la cession totale de l'unité Alver mais à des conditions qui satisfont tout le monde. À commencer par les travailleurs qui rechignent (timidement) à l'idée de devoir quitter Alver pour la multinationale française Saint-Gobain. “Sur quelle base le prix de cession au profit de Saint-Gobain a-t-il été fixé à 5 millions 40 mille euros (5 040 000) ? Sur quel critère 10% seulement du prix de cession seront reversés aux travailleurs, c'est-à-dire un peu plus de 9 millions de centimes ? Pour quelles raisons le repreneur français a-t-il abandonné le terrain de l'ex-Cofi et le parc mitoyen qui ont été déclarés excédentaires par le groupe Enava ? Ce sont en tout cas autant de questions posées par les travailleurs lesquels revendiquent une quote-part plus équitable. “Les 9 millions de centimes qui sont destinés à chaque travailleur représentant le prix de deux cigarettes par jour”, ironise un travailleur. Les cadres qui ne veulent pas être sacrifiés sur l'autel des considérations personnelles clament haut et fort leur soutien à la politique de la privatisation de leur entreprise. Pour la direction d'Alver, la cession de l'unité de fabrication du verre creux (verre et bouteille) s'est effectuée sur des bases solides et transparentes, selon le dossier portant privatisation et résolution en date du 16 février 2008. Ainsi, et conformément aux dispositions de la résolution du Conseil des participations de l'Etat (CPE) en date du 24 novembre 2007, il a été établi que le montant de la cession a été fixé à 5 040 000 euros, soit 500 millions de dinars payables au comptant. Pour plus de clarté, la direction générale d'Alver SPA énumère les libellés de cette transaction à l'adresse des travailleurs. “90% du montant de la cession soit 450 millions de dinars seront reversés au Trésor public et 10% du montant, soit 50 millions de dinars correspondant à 10% des actions, seront cédés à titre gracieux au collectif des salariés, dont la majorité sera maintenue par le nouveau repreneur français.” K. Reguieg-Yssad