Les prix des matériaux de construction connaissent une véritable flambée ces dernières semaines. Ceci, en revanche, ne manque pas de faire planer sur le secteur de l'habitat et des travaux publics des risques de perturbation et de pénurie. Ainsi, depuis le début de mois de juin dernier, les prix du ciment ne cessent de grimper pour atteindre des pics jamais atteints par le passé, et ce, au détriment des constructeurs et des promoteurs immobiliers bien évidemment. Ainsi, dans les régions du centre du pays, le marché du ciment continue d'être l'objet d'une spéculation généralisée. Le prix d'un sac du ciment (50 kg) a atteint la cote des 500 dinars et parfois plus, a-t-on relevé à travers les différents points de vente dans les régions du Centre. Cette flambée a suscité de grandes inquiétudes auprès des constructeurs, notamment les particuliers, dont nombre d'entre-eux ont été contraints de suspendre leurs travaux et mettre à l'arrêt leurs chantiers. Chez les professionnels du secteur du bâtiment et des travaux publics, en conséquence, la flambée des prix a provoqué une vive réaction et une grande contestation. Ainsi, le ton commence à monter au sein de la CAP (Confédération algérienne du patronat) puisque, la fédération des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics (FEBTP) de la wilaya de Béjaïa vient de mettre fin à son mutisme en montant au créneau pour demander l'intervention des autorités concernées et mettre fin aux pénuries qui frappent ce matériau de construction (ciment). Les entrepreneurs affiliés à la CAP estiment encore que la spéculation est provoquée par les cimenteries qui sont loin de satisfaire la demande nationale. Ils citent, à cet égard, l'exemple de la cimenterie de Sétif où, selon un communiqué émanant de cette fédération, les commandes ne sont satisfaites qu'à hauteur de 20% seulement, "20 tonnes seulement sont fournies pour une commande de 100 tonnes", soulignent les entrepreneurs frondeurs. Toutefois, les professionnels du secteur n'écartent pas le risque de voir ces pénuries à répétition perturber le mégaprogramme du million de logements que le gouvernement a lancé pour la période d'avant 2009. En dehors des zones urbaines, les pénuries n'ont pas manqué de freiner les programmes de l'habitat rural qui, pourtant, a démarré avec un élan accéléré. Au-delà des blocages qui touchent la réalisation des logements et l'avancement des chantiers, les spécialistes du secteur du BTPH estiment, qu'à long terme, ces augmentations des prix des matériaux de construction auront des répercussions sur les prix du logement à la vente. En effet, la cherté excessive des matériaux de construction provoquera des augmentations inéluctables du prix de revient des logements qui, à leur tour, seront appelés à connaître des augmentations des prix à la vente. Il est utile de préciser que la production locale du ciment parvient ces trois dernières années à couvrir tous les besoins nationaux exprimés, notamment depuis la mise en service de la cimenterie privée de ACC M'sila, appartenant au groupe égyptien Orascom, qui, à elle seule, produit quelque quatre millions de tonnes/an. La consommation, elle, enregistre des augmentations considérables chaque année durant ces périodes où tous les projets de construction sont relancés.