Deux cents avocats, des chercheurs universitaires, des juristes, des présidents représentant les barreaux de l'ordre des avocats, des responsables locaux et centraux, le représentant du ministère de la Justice ainsi que des personnalités étrangères ont pris part, hier à Oran à l'hôtel Sheraton, aux travaux d'une journée nationale de l'Union internationale des avocats (UIA) en Algérie. Spécialement dédiée au thème de la “profession d'avocat face aux défis de la mondialisation”, les différents participants ont mis en lumière les desiderata d'une profession appelée à s'imprégner des nouvelles normes dans l'esprit de la mondialisation. Comme le fera remarquer Me Belbarr Lahouari, président du comité national de l'UIA pour l'Algérie, “eu égard à la vitesse à laquelle nous nous dirigeons vers le grand village de la mondialisation, il est tout à fait clair que l'assimilation des avocats aux principes régissant la profession doit se faire sur la base de la prise en charge de l'avocat.” Une idée en gestation, mais qui semble sortir de l'état de confinement des codes régissant la profession d'avocat. C'est surtout grâce à la réalisation, à l'horizon 2009, de l'Ecole nationale de formation des avocats de Koléa que se jouera l'avenir de toute une profession qui entend désormais en découdre avec les codes de la loi périmés. Ahmed Rabehi, directeur d'études et conseiller du ministre de la Justice, a indique à ce sujet que l'essentiel des phases préliminaires ont été achevées, y compris le choix du terrain d'assiette où sera érigée la future école des avocats. Selon notre interlocuteur, la réalisation de l'école de Koléa sera faite en synergie avec la nouvelle loi portant organisation de la profession. Ces facteurs permettront de replacer dans son contexte la formation spécifique des futurs avocats, lesquels devront faire un passage obligé à l'école de formation des avocats. C'est aussi l'avis de Me Rhéda Saïm, secrétaire régional de l'UIA pour l'Afrique. “Les 16 000 avocats que compte le pays doivent recevoir un enseignement complémentaire et maîtriser tout au plus une ou deux langues étrangères. C'est une condition sine qua non pour s'adapter aux exigences de l'heure. L'apprentissage de la langue étrangère est aujourd'hui un instrument indispensable.” Me Saïm insistera lourdement sur la révision du règlement intérieur des barreaux qui n'a pas été modifié depuis des années. Il soulignera la nécessité de revoir les codes qui sont indispensables à la fixation de la profession d'avocat face aux défis de la mondialisation. “Mais comment se mesurer aux cabinets d'affaires internationaux, alors que l'avocat algérien est interdit même de remettre sa carte de visite à un mandant incarcéré ?” s'interroge Me Saïm. L'approche du secrétaire régional de l'UIA pour l'Afrique renvoie suffisamment sur l'intervention de Me Houari Ouahrani, bâtonnier de l'ordre des avocats au barreau d'Oran. “L'avocat est-il un simple prestataire de services qui doit aller vers le gain ou doit-il faire de l'humanisme ?” s'interrogera Me Ouahrani. Il continuera sur sa lancée en affirmant que rien n'a été fait pour outiller l'avocat afin de faire face à la déferlante anglosaxonne. L'intervenant préconise la multiplication des conférences au profit des avocats stagiaires sur les rouages politiques, sociaux et économiques touchant aussi bien au droit des affaires qu'au droit maritime ou aérien. D'ailleurs, un participant relève le caractère dichotomique en matière de formation à l'étranger des magistrats dans le domaine de grande criminalité et l'absence de formation des avocats à ces mêmes rouages. K. REGUIEG YSSAD