Liberté : À la veille du match JSK-Ashanti, vous semblez afficher une triste mine ? Moussa Saïb : Effectivement ! Je suis très fatigué, non pas par le boulot, mais par toutes les tracasseries qui minent encore le club. Depuis quelque temps, je sens que le groupe est dangereusement divisé alors que nous sommes leaders au classement et que la solidarité et la cohésion doivent être de mise. Des joueurs qui semblent désintéressés à l'entraînement et qui ne pensent qu'à leurs contrats de fin de saison, d'autres qui contestent leur non-titularisation. Je suis las de gérer les humeurs des uns et des autres, et personne ne m'aide dans ma tâche. Sincèrement, il y a des moments où je me sens seul et que j'ai envie de tout plaquer. Ajoutez à cela, le comportement condamnable de certains pseudo-supporters qui viennent insulter les joueurs à l'entraînement et vous comprendrez le pourquoi de mon ras-le-bol. Vous pensez que c'est à la veille d'un match de Coupe d'Afrique qu'il faut jeter un pavé dans la mare ? Non ! Il faut dire les choses telles qu'elles sont ! À chaque fois qu'il y a péril en la demeure, il faut tirer la sonnette d'alarme. Je pense tenir une réunion extraordinaire avec les dirigeants du club pour tirer la sonnette d'alarme, sinon je n'écarte pas l'éventualité de partir. Ceci dit, comment se présente ce premier match de Ligue des champions face aux Ghanéens de l'Ashanti Goldfields ? Disons qu'on se prépare tant bien que mal pour ce match. Nous aurons quand même bien du plaisir à retrouver l'ambiance de la Coupe d'Afrique, surtout que cela fait longtemps que nous n'avons pas joué un match de Coupe d'Afrique chez nous, devant notre public. J'espère que le public sera au rendez-vous pour encourager cette jeune équipe de la JSK. Et une équipe jeune qui va s'attaquer à un challenge aussi important que la Ligue des champions ? C'est vrai que c'est une équipe jeune avec un entraîneur jeune qui continuent leur dur apprentissage et qui ont besoin du soutien de tout le monde, de tous ceux qui aiment la JSK et qui doivent être derrière leur équipe. Un club, ce n'est pas seulement les joueurs et l'entraîneur, mais c'est un tout. Si nous voulons aller loin, il faut que tout le monde mette la main à la pâte. Votre premier adversaire n'est autre que le représentant ghanéen qui constitue quand même une sacrée référence ? C'est un match comme tous les autres. Nous avons l'habitude d'affronter des équipes africaines, et disons que nous avons notre mot à dire. Nous avons une bonne équipe et nous nous efforcerons de faire un bon match et de nous assurer une belle victoire avant le match retour. L'essentiel est de ne pas éprouver de regrets à la fin du match. Durant ces deux dernières éditions, vous avez réussi à passer aux poules sans pour autant réussir à accéder aux demi-finales. Est-ce la bonne pour cette édition ? Le premier souci est de passer aux poules, ce qui n'est pas toujours facile. N'oubliez pas qu'il s'agit là de la Ligue des champions et que nous sommes appelés à rencontrer sur notre chemin de grosses cylindrées africaines. Donc, il s'agit là de gérer judicieusement cette première phase éliminatoire pour tenter de bien négocier les deux tours importants des 16es puis des 8es de finale et si nous parvenons à nous qualifier pour les poules, nous aurons tout le temps de nous préparer encore pour ce second palier de l'épreuve. Vous n'avez pas été contrarié en fait par cette défaite à Tlemcen en championnat ? Non, non ! Il ne faut surtout pas s'alarmer. Nous sommes toujours premiers avec sept points d'avance et nous allons tout faire pour la préserver. Je pense que la pression n'est pas sur nos épaules, mais sur celles des poursuivants qui éprouvent bien du mal à nous rattraper. Ce vendredi face à l'Ashanti, vous serez handicapés par l'absence de trois joueurs, puisque Demba et Oussalah sont blessés et Zafour est suspendu ? C'est vrai, mais le football est ainsi fait, et nous sommes habitués à gérer ce genre de situation. J'espère que les joueurs qui seront alignés seront à la hauteur surtout que j'ai confiance en eux. Dernière question. Avec votre expérience internationale, pensez-vous que la qualification doit être assurée au match aller à Tizi Ouzou ? Non, en football, tout est possible. Dans ce genre d'épreuve, la qualification se joue en deux manches. Au cours de ma carrière pro en Europe, il m'est arrivé de gagner des matches de Coupe d'Europe à l'extérieur pour nous faire éliminer ensuite au retour à domicile. Je me rappelle, un jour nous avons fait 2-2 à Tenerife en Espagne puis on perdait 1-0 au retour à Auxerre pour se faire éliminer. Donc, il faut faire un match plein ce vendredi à Tizi Ouzou et essayer de marquer au maximum, puis on envisagera un plan d'attaque pour le match retour en fonction du résultat du match aller. Personnellement, je suis optimiste, car, malgré tous les problèmes que nous vivons à l'heure actuelle, la JSK saura réagir et réussir une belle prestation face aux Ghanéens. Nous ne connaissons rien de cette équipe, mais nous allons l'étudier sur le terrain pour imposer notre jeu et scorer au maximum. Entretien réalisé par M. H.