L'ambassadeur américain à Alger, Robert S. Ford, a déclaré, hier, que les Etats-Unis sont prêts à aider notre pays dans l'élaboration d'instruments juridiques relatifs à la lutte antiterroriste, à condition que “la demande soit faite par l'Algérie”. En marge de la signature d'un protocole d'accord entre l'Ecole supérieure de la magistrature (ESM) et l'Association des barreaux américains (ABA), qui a eu lieu dans la matinée au siège de l'ESM (Ben Aknoun), le diplomate américain a reconnu que l'Algérie possède une expérience en matière de lutte contre le terrorisme, sans s'étendre sur le sujet, mais il a surtout laissé entendre que les Etats-Unis “sont prêts à lui fournir de l'aide au niveau de l'élaboration des lois”, si les autorités algériennes expriment le besoin et formulent clairement leur demande sur ce sujet. Depuis plusieurs années, particulièrement depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, l'administration américaine considère l'Algérie, pays ayant acquis par la force d'une décennie de feu et de sang une expérience dans la lutte contre le terrorisme, comme un de ses principaux partenaires dans la guerre contre ce fléau. C'est dire que la coopération sécuritaire entre Alger et Washington a déjà quelques années à son actif. De l'avis de certains commentateurs, les attentats de Casablanca de 2003 et ceux de Madrid, l'année suivante, ont amené le service chargé du contre-terrorisme au département de la Défense à porter un regard différent sur l'Afrique du Nord, avec la conviction que cette région représente un foyer de recrutement pour le terrorisme international. Le rôle joué par l'Algérie dans cette région et son engagement dans le partenariat multilatéral et international dans la lutte antiterroriste ont fini par être appréciés par Washington et ses autres partenaires. En contrepartie de cette aide précieuse, les Etats-Unis ont pris en charge la formation du personnel militaire algérien et adhéré au principe de développement de la coopération en matière de défense. Cela d'autant que l'Algérie et les Etats-Unis étaient sur la même longueur d'onde pour “combattre le terrorisme, promouvoir la stabilité régionale et lutter contre la prolifération des armes de destruction massive”. Seulement, il est important de relever que l'Algérie, comme d'autres Etats, a une définition différente du terrorisme. En effet, elle établit “une distinction claire et nette entre l'action terroriste, qui est une tentative d'imposer à un peuple le choix d'une solution politique refusée par les urnes, et l'action de résistance à l'occupation, qui ne saurait s'exprimer par les urnes”. C'est justement cette distinction qui aurait entravé l'élaboration du cadre global d'intégration de lutte contre le terrorisme et qui serait à l'origine du refus américain de répondre positivement à une demande de l'Algérie, introduite dans les années 1990, portant sur l'achat d'un équipement militaire infrarouge et des systèmes de radar développés, ainsi que des appareils de communication, tous entrant dans le cadre de la lutte antiterroriste. Sur un autre plan, au-delà de la signature de conventions bilatérales, voire de conventions sectorielles et régionales qui ont un rôle non négligeable à jouer dans le rapprochement entre les Etats et les services chargés des questions sécuritaires, l'urgence, en termes d'acquisition des instruments juridiques, se situe aujourd'hui dans la mobilisation de la communauté internationale, en général, et des Nations unies, en particulier, autour de la recherche d'un consensus sur la définition du terrorisme, pour aller vers l'adoption tant attendue de la convention globale sur le terrorisme et, par voie de conséquence, de la prise en charge des victimes de ce fléau H. Ameyar