Saisissant l'occasion de la Journée nationale du lait cru qui s'est déroulée, hier, au CFPA de Messerghine, par la tenue d'une rencontre-exposition de cette filière, les organisations professionnelles de tous bords n'ont pas manqué de relancer la question de l'augmentation du soutien du prix du lait cru. En effet, en présence du SG de l'Union nationale des agriculteurs algériens (UNAA) et en même temps vice-président de l'APN, du représentant du tout nouveau Office interprofessionnel du lait et du président de l'Association nationale des producteurs de lait cru, éleveurs et producteurs n'ont eu de cesse d'évoquer la crise qui frappe cette filière et qui, aujourd'hui, est véritablement menacée économiquement. Le soutien de l'Etat par litre de lait cru produit est aujourd'hui de 7 DA, et ce, depuis 1998 compte tenu de l'inflation de tous les intrants et des investissements. Les éleveurs-producteurs se trouvent dans une situation où les pertes journalières atteignent 16,66 DA par litre produit, selon une étude de l'Association nationale des producteurs de lait cru. Pour ces derniers, “le gouvernement doit revoir en urgence et revaloriser le soutien au prix du lait en le portant à 33,25 DA, ce qui devrait permettre un développement de la filière et la mise en œuvre de politiques publiques d'accompagnement”, explique M. Benchakor de l'association. De même, du côté de l'Office interprofessionnel du lait créé en juillet 2007 et qui regroupe des éleveurs, des collecteurs, et des transformateurs, l'augmentation du soutien au prix du lait cru est considérée comme vitale. Mais pour l'office, la proposition de la revalorisation est fixée au minimum à 20 DA et de préciser que “pour développer la filière et aller vers une intégration du lait cru au même niveau que le lait en poudre, il y a aussi la question de la collecte qui pose problème puisque le taux de collecte ne dépasse pas les 15%”, dira son représentant. à l'heure actuelle, la production laitière en Algérie n'est que de 2 milliards de litres par an et pour arriver à une autosuffisance, ce sont 3,3 milliards de litres de lait cru qui devront être produits. Dans le même temps, la facture d'importation de lait en poudre atteint 1 milliard de dollars par an, d'où hier à Oran ces constats amers sur le niveau des subventions de l'Etat pour la production de lait cru au vu de ce chiffre. Le SG de l'union fustigera, pour sa part, ceux qui, agriculteurs et éleveurs, qui bénéficient des subventions de l'Etat et fond du “business” et de demander plus de transparence dans l'octroi des subventions. Des intervenants, lors de la rencontre, ont souligné l'inadaptation et l'inadéquation du montant du soutien aux éleveurs par rapport aux investissements importants et dans la durée qu'ils doivent consentir pour leur élevage. À titre d'exemple, il faut 27 mois pour qu'une génisse puisse produire, ce qui a fait dire à des intervenants que “les mesures de soutien sont nettement insuffisantes”. Et de revendiquer encore : “Pourquoi l'Etat ne nous considère pas comme des opérateurs économiques que nous sommes en réalité ?” Les avantages liés “à ce statut dépasseront de loin ceux qui sont pour l'heure octroyés aux éleveurs”. Dans les semaines à venir devraient atterrir sur le bureau du Chef du gouvernement les études et rapports établis par les professionnels quant à l'augmentation du niveau de la subvention de l'Etat aux producteurs de lait cru. Une décision importante à prendre et attendue par toute une filière. F. Boumediène