Le spectre de la sécheresse qui frappe aux portes sonne le début d'une migration massive vers le nord. C'est mouvement précoce ne va pas sans chambouler le mode de vie de populations entières en générant une activité intense chez les tribus transhumantes qui sillonnent le territoire national. Le faible taux de pluviométrie enregistré sur le territoire national en général, et dans les régions du Sud en particulier, était le présage à une saison pas comme les autres, non seulement pour les populations mais aussi pour le cheptel qui constitue la richesse principale de la wilaya de Djelfa et des zones steppiques où l'élevage et le pastoralisme sont les activités économiques de base. En effet, ces activités occupent à elles seules pas moins de 2 122 428 ha de parcours, soit 84,85% des 2 501 093 de la superficie agricole utile. La commune de Guettara, à l'extrême sud de la wilaya, renfermant la plus grosse partie de ces terres avec 40700 ha de parcours. L'eau se fait rare, très rare dans la majeure partie de la wilaya, à telle enseigne que les grands propriétaires de bétail ont préféré quitter plus tôt que d'habitude les basses plaines en raison de la sécheresse qui se faisaient de plus en plus menaçante. De plus, bordures d'oueds et dhayas fournissant une végétation rare et étant d'un appoint alimentaire insuffisant, ces éleveurs vont rallier le Tell vers des endroits plus cléments où la location des parcours de pacage se négocie à des prix forts. Les temps sont difficiles et la concurrence est rude. Le spectre de la sécheresse qui frappe aux portes va donc sonner le début d'une migration massive vers le nord : ce mouvement précoce ne va pas sans chambouler le mode de vie de populations entières en générant une activité intense chez les tribus transhumantes qui sillonnent le territoire national à la recherche d'hypothétiques pâturages. Aux effets ravageurs de la désertification qui ne constitue pas seulement une menace pour les zones arides, mais qui met aussi en péril tout l'équilibre social et économique de la région en ce qu'elle porte de dangers pour la sécurité alimentaire des populations, s'ajoute l'action dévastatrice de l'homme. Les efforts consentis jusque- là à travers les différents programmes étatiques visant la création de points d'eau, la régénération des parcours et la mise en défens de milliers d'hectares, risquent de partir en fumée à cause d'une utilisation abusive et inconsciente des terres fragiles minées par l'érosion, ainsi que l'exclusion de la pratique de la jachère du système d'exploitation agricole, qui sont autant de raisons qui justifient cette dérive. La sonnette d'alarme est désormais tirée. S. OUAHMED