Le spectre de la sécheresse frappe aux portes des régions steppiques. A Djelfa, la sécheresse sonne déjà le début d'une migration massive vers le nord à la recherche de pâturages. Les éleveurs de bétail, en particulier d'ovins, ont entamé un mouvement de transhumance précoce qui ne va pas sans chambouler le mode de vie de populations entières en générant une activité intense chez les tribus transhumantes qui sillonnent le territoire national à la recherche d'hypothétiques pâturages. L'eau se fait rare dans la majeure partie de la wilaya d Djelfa, à tel point que les grands propriétaires de bétail ont préféré quitter plus tôt que d'habitude les basses plaines en raison de la sécheresse. De plus, bordures d'oueds et dhayas fournissant une végétation rare et étant d'un appoint alimentaire insuffisant, ces éleveurs vont rallier le Tell vers des endroits plus cléments où la location des parcours de pacage se négocie à des prix forts. Les temps sont difficiles et la concurrence est rude. Aux effets ravageurs de la désertification qui ne constitue pas seulement une menace pour les zones arides, mais qui met aussi en péril tout l'équilibre social et économique de la région, s'ajoute l'action dévastatrice de l'homme. La faible pluviométrie enregistrée sur le territoire national en général, et dans les régions du Sud en particulier, augure de mauvais présages quant à une saison pas comme les autres, non seulement pour les populations mais aussi pour le cheptel qui constitue la richesse principale des zones steppiques où l'élevage et le pastoralisme sont les activités économiques de base. En effet, la steppe constitue un berceau idéal où s'est développé et se développe un élevage ovin dominant mené en extensif et dans les zones présahariennes un élevage caprin entretenu par des habitudes et traditions sauvegardées de génération en génération. Ces élevages sont les seuls revenus des habitants de la région. Le mouton, par sa rusticité, est le seul animal qui permet la mise en valeur de la steppe, sans cet animal, la steppe ne serait qu'un désert où l'homme serait incapable d'y vivre. Autrement dit, les productions ovines et caprines dans la steppe restent tributaires de I'état des parcours. Ces derniers sont soumis aux aléas d'une mécanisation à outrance utilisée par les nomades dans leur vie quotidienne sur les lieux. Ceci a engendré une course pour l'utilisation de tout parcours offrant les meilleures possibilités fourragères et par conséquent une accélération de I'épuisement des parcours accentuée aussi par des années pastorales souvent défavorables. Les statistiques ministérielles font ressortir que ces cheptels élevés généralement par des méthodes traditionnelles connaissent une certaine stabilité dans la région. L'ovin, et à un degré moindre le caprin, ont très peu de concurrents. La pluviométrie moyenne est de 200-300 mm par an. Dans les zones subsahariennes connues par les lits d'oueds très larges, des berceaux de lacs, des oasis et une climatologie parfois très clémente, évoluent des élevages caprins à raison de 4 à 5 têtes / ha avec une pluviométrie de 150 à 250 mm par an. Le phénomène des années de disette compromet ces derniers temps les capacités de la steppe. La sécheresse quant à elle réduit les potentialités de la région en matière d'élevage et pousse les éleveurs à une migration massive à la recherche d'eau et de pâturages. Malgré les efforts consentis jusque-là, à travers les différents programmes mis en place par l'Etat visant entre autre à créer des points d'eau pour l'abreuvement des cheptels, la régénération des parcours et la mise en défens de milliers d'hectares, la situation reste encore critique à cause d'une utilisation abusive des terres fragiles minées par l'érosion.