Le comité du village, dit du vieux Sidi Naâmane, chef-lieu de la commune relevant de la daïra de Draâ Ben Khedda, 18 km au nord-ouest de la ville de Tizi Ouzou, a saisi l'occasion des journées de la double fête de la victoire et du Mawlid Ennabaoui pour renouer avec timechret (ou lawziâ), cette vieille tradition du sacrifice de bêtes, organisée périodiquement pour installer et perpétuer la convivialité et les contacts réconciliateurs intervillageois et parmi la population dans son ensemble. Acquis avec des dons de bienfaiteurs de Sidi Naâmane, les deux bovins du sacrifice ont été tués à cette occasion après leur “estampillage” par des médecins vétérinaires. La viande a été ensuite dépecée dans une grande tente érigée en la circonstance sous une douce bruine, avant de la répartir en parts respectives sur chaque foyer de ce vieux quartier abritant des centaines de familles. L'objectif du retour à cette vieille tradition est de permettre notamment un renouement fraternel et convivial entre l'ensemble des citoyens de la région en y extirpant, radicalement s'il le faut, toute méfiance ou susceptibilité qui pourraient subsister encore dans l'esprit des villageois. “Nous voulons bannir par là même toute forme de médisance qui puisse exister parmi la population”, explique Ahcène Khodja, le président du comité organisateur, dans un air nourrissant “un grand espoir de renouveler fréquemment cette noble coutume, abandonnée presque totalement au cours des deux dernières décennies, malheureusement”. Dans le même contexte de travail collectif pour l'intérêt général, les villageois de cette localité, rappelle-t-on, avaient lancé, il y a quelques années, des travaux de restauration du vaste cimetière du vieux Sidi Naâmane. Aujourd'hui, ce lieu de sépulture a été entièrement entretenu et clôturé à l'aide de grillage et de poteaux en dur, grâce aux dons et au volontariat des habitants. Sidi Naâmane, faut-il le rappeler, est l'une des communes de la wilaya de Tizi Ouzou à avoir beaucoup souffert des actes terroristes durant les années noires de la décennie 1990. Salah Yermèche