Le cercle “Un auteur et un ouvrage” a choisi pour sa première rencontre le doyen des auteurs amazigh, M. Hammane Abdallah, comme invité d'honneur. Un hommage qui s'est déroulé hier après-midi à la BNA d'El-Hamma en présence du directeur de la bibliothèque, Ahmed Zaoui, et d'autres “mordus” de la culture amazigh, tous contents et impatients d'assister à ce rendez-vous culturel mensuel spécialement dédié à la culture amazigh. Animée par le consultant Abdenour Abdeslam, la rencontre s'est déroulée dans une ambiance des plus conviviales au cours de laquelle Dda Hammane a été la star incontestée bien malgré lui. À 74 ans, ce toujours jeune homme auteur de pas moins de 17 livres en tamazight, traducteur et poète, a égayé les nombreux présents par un franc-parler et un humour des plus décapants. Cet érudit natif de Aït Daoud et figure emblématique d'Oran, où il vit depuis ses 9 ans, est revenu sur son riche parcours. En commençant par ses études à la medersa d'El-Falah, il est passé à son combat pour la libération du pays et de son incarcération. Condamné à 20 ans de prison, il avait profité des geôles pour plonger dans le monde de la littérature amazigh en écrivant, entre autres, des romans et des poèmes. C'est d'ailleurs en prison qu'il a été “inspiré” pour traduire les Roubayate de Omar Khayyam. “C'était en 1959 et je me suis dit qu'elles ont été traduites dans toutes les langues sauf la mienne, alors je l'ai fait”, a-t-il affirmé. Au cours de son intervention, il est souvent revenu sur sa relation avec l'amour et les femmes même s'il a essayé de l'expliquer par “j'étais jeune à l'époque. Maintenant je suis grand-père et je n'oserai pas” ; une déclaration faite avec tout de même un petit sourire aux lèvres. Il a aussi relaté quelques anecdotes (avec les larmes aux yeux) sur Mouloud Mammeri qu'il a connu en 1963. “Je lui avais reproché d'être un écrivain en langue française d'inspiration amazigh”, a-t-il affirmé avant d'ajouter : “Je lui avais bien dit que moi de mon côté je n'écrirai qu'en tamazight.” Etaient présents à cette rencontre littéraire les représentants des éditeurs de Dda Hammane, le HCA (Haut-Commissariat à l'amazighité), et l'Association culturelle d'Oran Numédia. Tout compte fait, pour une première rencontre, que ce soit le contenant ou le contenu, le succès était au rendez-vous. Un bon augure pour les prochaines sorties, alors azul et rendez-vous dans un mois. Salim KOUDIL