Il y avait réellement un grand air de fête hier, au stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou, où ils étaient des milliers de supporters kabyles en délire à allumer des torches et des fumigènes, quelques minutes déjà avant l'heureux dénouement pour ce coup de sifflet libérateur de M. Bichari, un arbitre qui a failli mettre le feu aux poudres en expulsant, dès la 20' de jeu, le jeune défenseur international Meftah pour un cumul de cartons hâtif et plutôt sévère (17' + 20'). Ce qui avait mis en infériorité numérique le leader du championnat face à une très bonne formation chélifienne. Et si le nombreux public kabyle a eu chaud, très chaud durant presque toute la partie où les Chélifiens avaient jeté toutes leurs forces dans la bataille pour sauver quelque peu leur saison, la fin du match aura été marquée par un délire populaire sans précédent. Et pour cause, dès que l'USMA ouvrit le score à Bologhine, tout le stade de Tizi Ouzou hurle de joie et les Canaris, qui avaient compris que le prétendant sétifien était mené en score, avaient aussitôt puisé au fond de leurs tripes pour forcer la décision. Sur un cafouillage monstre, les deux Maliens de la JSK avaient réussi à faire basculer le match puisque sur un premier tir repoussé de Demba, son compatriote et complice de tous les coups, Idrissa Coulibaly surgit tel un diable pour inscrire certainement le but le plus précieux de la JSK, car il venait de propulser son club vers le sacre final. Auteur d'une prestation remarquable, la nouvelle “perle noire” de la JSK aura marqué de son talent et de son audace le match qu'il ne fallait pas perdre. Il ne restait plus que quatre minutes à jouer et les milliers de supporters kabyles se mirent à s'égosiller “Compeone ! Compeone !” Comme pour saluer un 14e titre national assez précoce, car avec neuf points d'avance sur son nouveau dauphin, l'USM Alger, la JSK semble avoir réussi son envol pour une consécration qui ne fait plus l'ombre d'un doute. Pourtant, qu'il fut dur, très dur ce succès arraché à la force des jarrets face à un onze chélifien qui s'était procuré un grand nombre d'occasions de but toutes gâchées par un excès de précipitation ou par la faute de ce gardien-miracle nommé Chaouchi. Si la JSK a failli scorer d'emblée par Hemami (5'), Wassiou (7') et Beremcha (15'), ce fut bien l'ASO qui aurait pu changer le cours du match lorsque l'international Zaoui trouve le chemin des filets, mais l'arbitre avait annulé le but pour une faute dans la surface de réparation (17'). Après l'expulsion trop sévère de Meftah (20'), la JSK réagira comme une bête blessée, et Benfissa fut sauvé in extremis sur sa ligne par Zaoui sur un tir vicieux de Berremla (25'), alors que Hemami écrasait un coup franc fracassant sur la transversale (27'). L'ASO occupera judicieusement la zone médiane, mais la JSK fut plus incisive et Coulibaly par deux fois (29' et 40') tout comme Abdesslam (36' et 44') faillirent dérouiller la défense adverse. Après la pause, l'ASO rata carrément le tournant du match lorsque Soudani (46') et Babanda (52') fusillèrent Chaouchi qui sauva son camp d'une façon inouïe. Les Chélifiens laissèrent filer leur chance car la JSK sut trouver les forces nécessaires pour acculer son adversaire dans son périmètre. Et si Demba (65'), Amaouche (70') et Dehouche (75') butèrent sur Benfissa, ce fut au tour de Soudani de gâcher une dernière munition lorsqu'il partit seul balle aux pieds dans le camp kabyle et ne crut pas en son étoile puisqu'il fut rattrapé par ce phénomène de Coulibaly (74') qui allait s'avérer finalement comme le sauveur du jour avec ce but libérateur de fin de match (84'). Le jeune Malien aura eu alors droit à une ovation mémorable. Mohamed Haouchine À chaud Hannachi : “La JSK est champion à 99% !” Le président de la JSK, Mohamed Chérif Hannachi, ne pouvait retenir son bonheur en fin de match : “Ce fut une victoire difficile, mais méritée car lorsqu'on vous expulse injustement l'un des meilleurs joueurs de l'équipe après 19' de jeu seulement, il faut trouver les ressources nécessaires pour l'emporter à l'arrachée face à une bonne équipe de Chlef qui nous a posé bien de problèmes”, dira Hannachi qui estime que son équipe à réussi un grand pas vers le titre. “Je pense qu'à 99%, nous sommes déjà champions car avec neuf points d'avance sur le second et deux matches à jouer à domicile pour trois à l'intérieur, je ne vois pas comment le titre pourrait nous échapper. Cette précieuse victoire est aussi bonne à prendre pour le moral avant ce long périple au Ghana”, dira encore le président de la JSK. Moussa Saïb “Nous avons réussi à écarter un sérieux prétendant car il ne faut pas oublier que l'ASO Chlef était notre dauphin. Nos joueurs ont été solidaires et ont cru en leur force pour arracher une précieuse victoire, alors que nous jouions à dix après cette expulsion très sévère de Meftah dès la 20' de jeu. Dans ce genre de match, seul le résultat compte, et nos joueurs ont tout fait pour glaner trois précieux points. Mathématiquement, nous ne sommes pas encore champions, mais je peux dire que nous avons pris une sérieuse option.” Rachid Belhout “Je crois que nous avons réussi un très bon match et les joueurs sont à féliciter et à réconforter car ils ont fait le maximum pour tenir tête au leader et méritaient au moins le match nul. Nous avons étalé un bon fond de jeu et nous nous sommes procuré un bon nombre d'occasions de but. Je regrette notre manque d'efficacité devant les buts.” Propos recueillies par M. Haouchine