Autrefois, le fleuron de l'industrie agricole de l'est du pays avec ses cinq coopératives (tabac, tomate, olive, coton et matériel agricole), s'étendant sur plus de 21 hectares, dont 4 hectares couverts, la Tabacoop de Annaba est en passe de disparaître. Les fabriques de Tabacoop “sont démantelées et vidées de leur contenu pour la coopérative de Dréan ou pour simplement disparaître dans la nature”, pour devenir aujourd'hui de simples hangars loués aux privés qui y exercent toutes sortes d'activités, sauf celles pour lesquelles elle a été conçue. Seule reste encore debout la fabrique de coton, veillée jalousement par des gardiens décidés à la préserver, mais pas pour longtemps, selon nos interlocuteurs. Ce pôle agro-industriel, qui employait des centaines de travailleurs et qui, grâce à ses énormes bénéfices, a pu réaliser de nombreux investissements au profit de la ville de Annaba, comme l'achat de 250 villas, (dont celle qui est devenue aujourd'hui la résidence des walis), la construction de l'actuelle pédiatrie Sainte-Thérèse et la création de coopératives agricoles à Dréan, Bouteldja et Ben M'hidi pour développer les activités rurales dans la région, n'est plus que l'ombre de lui-même. Cette véritable mise à sac serait programmée et les hangars loués “de façon très douteuse”, comme l'ont certifié les membres de l'UNPA, qui ont alerté toutes les instances sur cette situation afin d'essayer de sauver ce qui peut l'être et redonner à la Tabacoop sa dynamique du passé. Mais en vain ! “Nous nous heurtons à un mur de silence, du ministère aux autorités locales de Annaba et d'El-Tarf. Personne ne répond aux nombreux rapports que nous avons rédigés. Si personne n'intervient rapidement, la Tabacoop va perdre son cachet agricole, et devenir, aux portes de Annaba, un ensemble de hangars, de dépôts et d'ateliers vides. Déjà, certains opérateurs ont dévoilé leurs appétits.” Rappelons que cette coopérative est censée réunir un millier de paysans, mais ne compte actuellement qu'une trentaine, selon les paysans qui avaient tiré, il y a quelques mois, la sonnette d'alarme sur cette situation, critiquant de façon très virulente la gérance de cette infrastructure, allant jusqu'à porter l'affaire en justice. Hafiza M.