Propriétaire d'un patrimoine à Annaba, El Tarf et même en France, composé de locaux commerciaux, de maisons de maître, de six unités de conserverie, de transformation, de production et d'élevage (tomate, coton, tabac, olives), d'une menuiserie, de plusieurs docks silos, d'une station expérimentale d'élevage (bovins, ovins, caprins, équidés, asins, abeilles), de bâtis, dont ceux d'actuelles banques et assurances mutuelles, de santé, dont l'actuelle clinique Saint Thérèse, cette coopérative ne répond plus à l'attente de ces milliers d'adhérents. Elle est livrée à l'appétit insatiable de certains que rien ne semble arrêter. La cession ou la location de la totalité de ce riche patrimoine et la mauvaise gestion de la Carsci cette dernière décennie ont réduit à néant les acquis accumulés durant presque un siècle par les adhérents. Les enquêtes et conclusions des différentes brigades de police et de gendarmerie sur ce dossier buttent depuis des années sur des interférences et l'interventionnisme de certains. Même les multiples saisies opérées par des créanciers, dont la Banque algérienne de développement rural, n'ont pas suscité de réaction du ministère de l'Agriculture. Cette mise à sac est reflétée par la maison que fut la Tabacoop avec ses nombreuses coopératives et ses installations. Hangars, dépôts, fermes, villas de maître, unités de production ou d'élevage sont actuellement entre les mains d'opérateurs privés nationaux et étrangers. Destinés à servir les intérêts des agriculteurs adhérents des régions de Annaba et El Tarf, la Carsci s'est transformée en une propriété privée d'un groupe de personnes. Confronté à des luttes d'intérêts, déstabilisé par une multitude d'enquêtes de police ou démobilisé, le conseil d'administration ne s'est plus réuni depuis des années. La récente démission de cinq de ses membres confirmée par devant huissier confirme s'il en est la gravité de la situation et des possibilités de malversations que cette dernière sous-entend. Du côté de la direction des services agricoles (DSA), on suit avec une vive inquiétude l'évolution négative de la gestion de la Carsci. « Nous n'avons pas le droit d'interférer dans les prérogatives du conseil d'administration de cette coopérative pratiquement en faillite après presque un siècle d'existence. Un lourd dossier est actuellement pendant par devant le tribunal de Annaba. C'est tout ce que je peux dire sur cette affaire Carsi, qui fait l'objet de nombreuses correspondances adressées à nos services tant par les adhérents que par les travailleurs », a indiqué M. Merakchi, directeur de la DSA de la wilaya de Annaba. Au niveau du siège de la direction générale de la coopérative, où les travailleurs avaient déclenché une grève illimitée jusqu'au paiement de leurs arriérés de salaire, c'est la débandade. Elle s'est accentuée avec l'absence du directeur général de la coopérative, resté injoignable malgré nos nombreuses tentatives. Rappelons que cette coopérative, qui rayonnait sur l'ancien département de Bône, était une véritable institution pour le monde agricole depuis sa création, le 17 février 1921. Elle a été transformée en CAPCS Lalaymia à partir de 1974 pour se transformer en Carsci à partir de 1997. « Nous sommes livrés à nous-mêmes depuis des mois. Le versement de nos salaires dépend de l'humeur du jour du responsable et des liquidités générées par la location des hangars immenses de la Tabacoop. Les trois unités de transformation, qui faisaient la fierté des agriculteurs et des travailleurs, ont été louées, dont celle de Bouteldja, actuellement gérée par un étranger. Le grand atelier de menuiserie avec des équipements de dernière technologie est livré à l'abandon. Alors que les taxes sont payées par la Carsci pour des productions qu'elle ne réalise pas, les hangars de l'unité de Labourcoop ont été mis entre les mains d'un privé. Nous interpellons les pouvoirs publics pour mettre fin à cette situation », a affirmé M. Chergui, membre du syndicat de la Carsci, en présence de la majorité des 102 travailleurs.