Alors que l'Assemblée nationale s'apprête à achever la première année de sa législature sur un bilan imprécis en raison de sa vassalisation, un député de l'émigration a sollicité et obtenu un rendez-vous avec le P-DG d'Air Algérie. La communauté nationale, établie à l'étranger et en France notamment, constitue une importante clientèle pour la compagnie qui n'a pas toujours su l'accueillir. Dire que des efforts n'ont pas été fournis au cours des quelques dernières années serait de la mauvaise foi. Mais les intentions des dirigeants n'ont pas toujours trouvé leur traduction sur le terrain. Les réflexes monopolistiques subsistent parfois au détriment même des intérêts de la compagnie désormais soumise à la concurrence. Inscrivant le dossier parmi ses principaux thèmes de campagne, l'élu du RCD, Rafik Hassani, a voulu s'assurer personnellement et directement des projets du nouveau patron d'Air Algérie. Serpent de mer de la société, le programme estival a figuré en bonne place dans les discussions. À deux mois du début des grands départs, le programme est déjà mis en place et M. Bouabdallah n'a pu que confirmer le travail effectué avant son arrivée. Il s'est toutefois engagé à apporter des améliorations par le recours à l'affrètement conséquent d'avions, selon M. Hassani qui a noté la forte volonté de son interlocuteur d'améliorer, ce qui constitue une des taches noires de la compagnie : l'accueil des voyageurs. Air Algérie n'a pas ouvert une école du sourire, mais veut que ses agents apprennent à l'afficher dans leur contact avec le client... L'entretien a aussi porté sur la politique tarifaire. Le P-DG a lui-même récemment reconnu que l'arrivée des compagnies Low Cost a induit une nouvelle vision du voyage et de nouveaux réflexes des clients. La communauté émigrée a aussi changé. Nombre d'émigrés n'attendent pas l'été pour aller à la redécouverte du pays. Des jeunes, entrepreneurs ou étudiants, peuvent se laisser tenter. C'est pourquoi M. Hassani a suggéré à la compagnie d'aller encore plus dans la promotion de ses tarifs. Un euro de gagné étant toujours le bienvenu, il a proposé au P-DG d'Air Algérie de “brader” au dernier moment les places demeurées invendues. “Les mentalités et les habitudes ont changé : avec l'aménagement des périodes de travail, les Algériens de France sont prêts à fractionner leurs vacances, pour peu que soit mise en place une politique adaptée et, pourquoi pas, “agressive” des prix”, a plaidé le député. M. Hassani a également soulevé le problème de la ponctualité des vols et de la propreté des appareils, et celui du transport des dépouilles. Sur ce dossier, Air Algérie va mener une réflexion dans le sens d'un effort sur les prix pratiqués, notamment en direction des plus démunis. Quant au scandale à propos d'un trafic concernant précisément le transport des cercueils, M. Bouabdallah a annoncé que des mesures ont été prises et qu'une enquête est en cours. À Paris, nous avons appris que le chef du service fret par qui le scandale est arrivé a été limogé et une plainte contre lui a été déposée. Y. KENZY