Les cours du pétrole grimpaient de près de 3 dollars vendredi passé, après avoir touché un nouveau record à 117,56 dollars à Londres et taquiné à nouveau les 120 dollars à New York, l'annonce de tensions dans le Golfe s'étant ajoutée aux craintes en mer du Nord et au Nigeria. Le baril de Brent de la mer du Nord a bondi vers 15h GMT jusqu'à 117,56 dollars, un prix inédit, effaçant un record qui datait de la veille (à 116,85 dollars). Vers 16h30 GMT, il s'échangeait à 117,14 dollars, en hausse de 2,78 dollars. À la même heure, le prix du baril de Light Sweet Crude pour livraison en juin prenait 2,92 dollars, à New York, à 118,98 dollars, après un pic à 119,50 dollars en cours d'échanges. Déjà grande, la nervosité des marchés est brutalement montée d'un cran à l'annonce de tensions dans la région sensible du Golfe. Un navire affrété par la Marine américaine a tiré des coups de semonce contre deux vedettes, présumées iraniennes, qui l'approchaient dans le Golfe, a annoncé vendredi un responsable américain de la défense. Il n'en fallait pas moins pour provoquer un nouveau record du Brent et ramener le cours du Light Sweet Crude New York à quelques encablures de son récent record (119,90 dollars le baril), tout près des 120 dollars. Car les opérateurs du marché étaient déjà sur les nerfs depuis le début des échanges, en raison de plusieurs menaces sur la production. Leur attention restait tournée en premier lieu vers la mer du Nord où une grève est prévue aujourd'hui et demain dans la raffinerie écossaise de Grangemouth, qui appartient à Ineos et traite 210 000 barils par jour. Au-delà de l'impact direct de cette grève sur les approvisionnements en essence, le marché craint que la fermeture du site, achevée vendredi pour raisons de sécurité, n'entraîne celle du terminal voisin de Kinneil, contrôlé par le pétrolier BP, car il est alimenté en énergie par Grangemouth. Par ricochet, la grève pourrait alors interrompre le transport de gaz et de pétrole passant par l'oléoduc de Forties (700 000 barils par jour). Au Nigeria, autre foyer d'inquiétudes, la litanie des violences frappant l'industrie pétrolière se poursuivait par ailleurs. Vendredi, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend), principal mouvement armé dans le sud du pays, a revendiqué le sabotage d'un oléoduc du groupe Shell, quatre jours après une autre opération contre la compagnie.