Les prix du pétrole marquaient une pause vendredi, au lendemain des records atteints à Londres et à New York, mais restent dopés par les fortes tensions sur l'offre, la plongée du dollar et l'arrêt d'un tiers des installations du golfe du Mexique à l'approche d'un ouragan. Sur l'Intercontinental Exchange de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre cédait 23 cents, à 78,86 dollars. Jeudi, il a atteint 79,28 dollars, dépassant son record d'août 2006 (78,64 dollars). Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en novembre (premier jour de cotation de ce contrat) cédait 37 cents, à 81,41 dollars. La veille, le prix du pétrole avait dépassé pour la première fois les 84 dollars, pour se hisser à 84,10 dollars. Pour sa part, le prix du "panier" de douze bruts mondiaux qui sert de référence à l'Opep a battu un nouveau record historique en dépassant les 75 dollars le baril de pétrole (159 litres), a annoncé l'organisation jeudi dans un communiqué. "Le prix du panier a atteint 75,61 dollars le baril mercredi, contre 74,92 la veille", a précisé l'Opep. Il faut dire que la semaine a été extraordinairement haussière pour les cours du pétrole, qui ont pris jusqu'à 5 dollars à New York et 3 dollars à Londres par rapport au cours de clôture de vendredi dernier. Les cours restent cependant soutenus par les trois facteurs qui se sont conjugués cette semaine pour pousser le pétrole à des sommets. Premièrement, la situation extraordinairement tendue de l'offre mondiale de brut constitue la toile de fond, très haussière, du marché. Les investisseurs craignent des pénuries de brut au quatrième trimestre. Et ils s'alarment en particulier de l'état, jugé critique, des stocks de brut aux Etats-Unis. L'annonce mercredi d'une baisse de 3,8 millions de barils des stocks de brut la semaine dernière a attisé ces craintes. Second facteur, la baisse des taux américains, de 50 points de base d'un coup, décidée mardi par la Réserve fédérale américaine. Cette annonce a donné une sérieuse impulsion au prix du pétrole, qui a franchi mardi pour la première fois le seuil des 82 dollars à New York. Depuis le début de l'été, les marchés s'inquiétaient d'un possible ralentissement de l'économie américaine, et par extension, de la demande énergétique. En leur prouvant qu'elle était décidée à relancer la croissance, la Banque centrale a donné aux investisseurs le sentiment que la demande pétrolière allait rester très robuste. Effet induit de cette décision, la baisse des taux américains a fait plonger le dollar contre l'ensemble des devises étrangères. Vendredi, le dollar est tombé à un plus bas historique contre l'euro, à 1,4120 dollar pour un euro. Par ricochet, cela contribue à doper le prix des matières libellées en dollars, dont le pétrole fait partie. Un troisième facteur, de nature circonstantielle, a ajouté de l'huile sur le feu jeudi : une menace d'ouragan, qui pourrait atteindre le golfe du Mexique a conduit les raffineries à fermer, par précaution, près de 30% de leurs installations. Au total, 27,7% de la production de pétrole du golfe du Mexique a été arrêtée, soit environ 360 000 barils par jour.