L'Etat continuera à soutenir les prix des produits alimentaires de première nécessité. Le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, estime que c'est la meilleure solution à la crise alimentaire qui cible non seulement notre pays, mais le monde entier. Il a indiqué que l'Algérie qui se trouve dans un marché mondial marqué par une grande crise alimentaire, continue de subventionner les matières premières importées, notamment le blé dur et tendre, et le lait en poudre. Karim Djoudi avoue que d'autres options existent encore telle que celle qui vise à mieux stimuler la croissance de l'offre de ces produits. L'objectif recherché à travers ce soutien est, selon lui, de maintenir et protéger le pouvoir d'achat des citoyens. Ainsi, une enveloppe de 160 milliards de dinars sera affectée durant cette année pour soutenir les prix de ces produits. “Nous avons inscrit au titre de soutien pour l'année 2008, 40 milliards de dinars pour le lait en poudre, 64 milliards de dinars pour le blé tendre et 69 milliards de dinars pour le blé dur. Ce qui nous fait sur l'année un soutien de l'ordre de 160 milliards de dinars”, argue-t-il. S'exprimant sur les ondes de la Radio nationale, M. Djoudi a souligné que les pouvoirs publics ont préconisé de soutenir les prix et d'encourager la production nationale pour “faire face à la forte tension mondiale sur les produits de première nécessité”. Lors de la dernière réunion du Printemps des institutions de Bretton Woods, tenue à Washington, affirme-t-il, l'attitude générale est de “mieux opter pour un soutien, sous forme de subvention des produits de première nécessité que par des actions de réductions des taxes des droits d'importations”. Le ministre espère, toutefois, qu'en 2009, il devrait y avoir une reprise de l'offre de production. “Espérant que la production ne sera pas fortement compensée par une reprise significative de la demande”, explique-t-il. Quant aux rumeurs faisant état de pertes par l'Algérie de quelque 15 milliards de dollars à cause de la dépréciation du billet vert, Karim Djoudi rappelle qu'il y a une forte corrélation entre la dépréciation du dollar et l'augmentation des prix du pétrole. Pour lui, la Banque d'Algérie, gestionnaire des réserves de changes, a un portefeuille de monnaies riches, soit en dollars, en yens, en euros et en livres sterling. “À partir de ce palier, note le ministre des Finances, s'il existe une dépréciation de la monnaie, il y a un phénomène de compensation. Lorsqu'une monnaie se déprécie, elle s'apprécie dans une autre monnaie”, a-t-il fait comprendre. Concernant la gestion des réserves du change, le ministre a précisé que cette opération, menée par la Banque centrale, a comme objectif d'“assurer une gestion sécurisée”. Il a rappelé qu'une partie de ces réserves est placée dans des fonds souverains, notamment aux Etats-Unis, par le biais de bons de trésor à différentes échéances et qui “peuvent être à tout moment mises en liquide sur le marché”. Abordant le volet des investissements étrangers directs en Algérie, le premier argentier du pays a indiqué que la diversification des revenus, générés par les différents investissements engagés (pétrochimie, agriculture, tourisme...), permet aux pouvoirs publics d'“anticiper et d'espérer pour l'avenir une plus grande densité des revenus, assurer plus de sécurité pour ces revenus, mais aussi pouvoir consacrer une certaine stabilité de la monnaie nationale”. Pour ce qui est de financement des Petites et moyennes entreprises (PME), M. Djoudi a constaté que les banques publiques accordent jusqu'à 85% de leurs flux financiers aux PME ce qui signifie, selon lui, que ces entreprises sont devenues l'“axe privilégié du financement des banques au moment où les entreprises publiques voient leurs parts de ces financements baisser”. Les entreprises publiques “sans perspectives”, c'est-à-dire celles déstructurées, “ne sont plus financées”, a ajouté le ministre en précisant que cette évolution “contredit l'affirmation que les entreprises publiques sont financées au détriment des PME”. Synthèse : Badreddine KHRIS