L'argument du MAE, M. Medelci, sur la persistance des raisons ayant conduit à l'instauration de l'état d'urgence, n'est pas pris en compte. Tout comme a été ignoré le terrorisme, Al-Qaïda Maghreb, ce monstre nourri par l'Europe et les Etats-Unis. On sait que les organisations de l'ONU, versatiles et changeantes selon les circonstances, les intérêts et le poids des nations, avec les histoires de liberté, de démocratie ou des droits de l'Homme, sont poussées à leurs limites. L'état d'urgence est une entrave au libre exercice des droits en Algérie. Ce pays, qui est dans le collimateur des défenseurs des droits de l'Homme et de la commission onusienne. L'Egypte, à côté, est largement tolérée. Et rarement la commission s'est rappelée que le pays des pharaons est sous état d'urgence depuis l'assassinat de Sadate. Pourtant, pour les mêmes raisons sécuritaires, cet état exceptionnel a été décrété dans les deux pays. Le but n'est pas de soutenir une initiative dictée par l'insurrection des islamistes armés, mais de montrer combien est sélective l'appréciation onusienne de la situation des libertés dans le monde. De la Birmanie à la Chine, deux pays voisins, les notes ont été terriblement différenciées pour une situation presque similaire. L'argument du MAE, M. Medelci, sur la persistance des raisons ayant conduit à l'instauration de l'état d'urgence, n'est pas pris en compte. Tout comme a été ignoré le terrorisme, Al-Qaïda Maghreb, ce monstre nourri par l'Europe et les Etats-Unis. Et le rapport de la commission de Genève ne se contente pas de cette occultation, il renvoie paradoxalement à une référence traumatisante que les Algériens éprouvent des difficultés à oublier : l'arrêt du processus électoral. Une décennie noire qu'on saute d'un bond, mettant de côté les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, du 11 mars en Espagne, du 7 juillet en Angleterre et tous les attentats qui endeuillent et ensanglantent l'Algérie depuis 1992. Les avancées démocratiques, aussi petites fussent-elles, réalisées par l'Algérie, ne semblent avoir goût aux défenseurs des libertés à géométrie variable. Certains pays arabes, parmi les plus verrouillés, ne sont ni critiqués ni inquiétés parce que considérés comme des alliés, sous-traitants de la torture et des sales besognes de l'Alliance occidentale. Mieux que flattés, dans un encouragement à continuer sur cette voie, ces pays sont cités comme référence en matière de pluralisme médiatique. Et partant, en exemple de liberté, de droits de l'Homme et de démocratie. De quoi dérouter la philosophie ! D. B.