Sous couvert de lutte contre le «terrorisme», le président américain veut-il ouvrir un nouveau conflit de civilisations? Le président américain, George W.Bush, dont la popularité est en pleine chute aux Etats-Unis et soucieux de préserver les chances républicaines aux élections du 7 novembre, a de nouveau enfourché sa rhétorique préférée, la guerre tous azimuts contre le «terrorisme» et l'Iran dont il a, estimé la menace, dans un discours prononcé mardi, aussi «dangereuse» que celle de l'organisation islamiste Al Qaîda. L'hôte de la Maison-Blanche veut empêcher la République islamique de «disposer à la fois des armes terroristes et nucléaires». De fait, le président Bush dont la religiosité tend à s'accentuer, se croyant revenu au temps des croisades, cherche à en découdre avec l'islam et ne semble pas avoir suffisamment de sang-froid pour savoir raison garder. En traitant l'Iran, membre de la communauté internationale, plus bas que terre et la mettant au niveau d'une organisation «terroriste» comme Al Qaîda, M.Bush semble outrepasser les pouvoirs que lui confère sa position de président de l'unique puissance mondiale. Toutefois, cela l'autorise-t-il, pour autant, de traiter un Etat souverain comme une vulgaire organisation terroriste? Sous l'argument simpliste de la lutte du «bien» contre le «mal» qui, à l'évidence, serait une mission «confiée» aux Etats-Unis, le président Bush -sous les habits du Héraut-se voit pourfendre le «mal» représenté par selon lui, tous ceux qui ne se soumettent pas au diktat américain. En fait, le président américain embarqué dans le bourbier irakien, qu'il a ouvert au nom de la lutte antiterroriste, et voulant justifier une guerre de plus en plus impopulaire aux Etats-Unis alors que le nombre de soldats américains tués en Irak s'élargit, perd la mesure des choses et engage son pays dans une impasse. M.Bush, qui a renouvelé mardi l'état d'urgence instauré au lendemain de l'attaque anti-américaine du 11 septembre 2001, a averti que la «menace terroriste persiste». Qualifiant mardi, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad de «tyran», George W.Bush a estimé, par ailleurs, qu'il fallait «empêcher» le régime iranien qui est «aussi dangereux» qu'Al Qaîda, de se doter de l'arme nucléaire affirmant que l´extrémisme chiite est «aussi dangereux, aussi hostile à l´Amérique et aussi déterminé à étendre son hégémonie sur le Grand Proche-Orient» que l'est l´extrémisme sunnite en référence au régime baasiste de Saddam Hussein. Dans le discours prononcé mardi, le président Bush est ainsi revenu sur ce qu'il considère comme étant la priorité stratégique des Etats-Unis «lutter contre le terrorisme» et «empêcher» certains Etats, qui seraient hostiles aux Etats-Unis de se doter des armes de destruction massive, d'autant, soutient M.Bush que «les dirigeants iraniens qui soutiennent le Hezbollah ont (...) déclaré leur hostilité absolue à l´Amérique». Mais dans sa quête M.Bush est bien seul, l'Europe semblant peu désireuse de suivre le président américain dans une croisade qui aura pour effets de fragiliser les rapports entre l'Occident et le monde musulman et de provoquer la rupture entre les communautés musulmane et judéo-chrétienne. S'attaquant au président iranien, George W.Bush, a affirmé que «l´Amérique ne s´inclinera pas devant les tyrans» tout en lançant une attaque en règle contre les dirigeants iraniens, déclarant que «le régime iranien et ses sbires terroristes ont démontré leur volonté de tuer les Américains, et le régime iranien cherche à présent à posséder l´arme nucléaire (...). Les nations du monde libre ne permettront pas à l´Iran de produire l´arme nucléaire.» Reprenant à son compte un argumentaire de son secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, dont les propos avaient à l'époque scandalisé les démocrates, M.Bush a déclaré mardi que le monde «n´a pas pris au sérieux» les paroles de Lénine et de Hitler et «a payé un prix terrible (...) Ben Laden et ses alliés terroristes ont signifié leurs intentions aussi clairement que Lénine et Hitler avant eux. La question, c´est: prêterons-nous l´oreille?» Par ailleurs, un document stratégique de la Maison-Blanche indique que «même si l´Amérique est plus en sécurité, nous ne sommes pas encore en sécurité», affirmant la nécessité de s´adapter à un ennemi qui n´est plus le même qu´avant le 11 septembre. Réagissant hier aux propos du président Bush, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad a répliqué en affirmant que Bush «n'est rien» au regard de la volonté de Dieu, lors d'une conférence prononcée hier à Téhéran «Je lui dis (à Bush): le monde vous menace car il prend le chemin de l´adoration de Dieu et la divinité». «Ce flot va de l´avant et vous n´êtes rien au regard de la volonté de Dieu, a-t-il encore dit à l´adresse du président américain. «Si vous (Bush) croyez gouverner le monde depuis vos palais de verre, vous vous trompez» a ajouté M.Ahmadinejad. Cette guerre des mots, engagée entre les présidents américain et iranien, ne présage, en fait, rien de bon pour la paix et la sécurité dans le monde.