La capitale algérienne abrite depuis hier un atelier africain consacré à la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC). Cette rencontre, qui s'achèvera aujourd'hui à la résidence Djenane El-Mithaq, a été organisée par le ministère des Affaires étrangères, en collaboration avec l'Union européenne (UE), chargée du volet financier. “L'Algérie réaffirme son attachement à la cause du désarmement et de la sécurité internationale, ainsi qu'à la promotion de la paix et du développement en Afrique”, a déclaré le MAE, Mourad Medelci, à l'ouverture des travaux. Il a affirmé que la manifestation s'inscrit dans le cadre de “la mise en œuvre de la CIAC et de l'appui des Etats d'Afrique à l'œuvre de désarmement chimique”. Non sans rappeler la coïncidence entre l'organisation de l'atelier et le 10e anniversaire de l'entrée en vigueur de la CIAC dans notre pays. M. Medelci a aussi expliqué les différentes facettes de la CIAC, la qualifiant à la fois de “Convention de désarmement authentique”, de “véritablement multilatérale et d'équilibrée”. “Ce sont précisément ces vertus intrinsèques qui concilient les impératifs de sécurité et les exigences du développement, qui confèrent aujourd'hui à notre Convention sa portée quasi universelle”, a-t-il indiqué. Pour le ministre, outre le fait que la CIAC fait de la destruction des armes chimiques “une de ses dispositions fondamentales”, cette Convention oblige “expressément” les Etats détenteurs de ces armes “de procéder à leur destruction et de démanteler les installations de leur production sous un régime de vérification strict et intrusif”. L'adhésion à cette Convention par les pays ne possédant pas d'armes chimiques, notamment les pays en développement, devrait, selon lui, permettre à ces Etats de “bénéficier des bienfaits de l'assistance et de la coopération consacrées (…) pour les besoins de leur développement”. Cela, dans le cadre de la mise en œuvre “non discriminatoire” des dispositions du Traité sur “la promotion d'une coopération régionale et internationale” et surtout pour renforcer “la crédibilité” de la CIAC et “garantir” son universalité. “Toute démarche qui privilégierait, pour des considérations politiques ou autres, le maintien des mesures restrictives, dans le domaine de l'accès à la technologie et l'industrie chimiques, serait contreproductive”, a averti le MAE. Dans le chapitre de la prévention contre le terrorisme chimique, le ministre a signalé que l'Algérie souhaite que la résolution 1540 du Conseil de sécurité de l'ONU engage “particulièrement les pays détenteurs d'armes de destruction massive qui se soustraient au contrôle international”. De son côté, Rogelio Pfirter, directeur général du secrétariat technique de l'OIAC a abordé les missions de son organisation, non sans révéler que sur les 182 pays ayant rejoint l'OIAC, 48 appartiennent à l'Afrique, dont l'Algérie. “Je suis heureux de voir que l'Algérie joue un rôle de chef de file (…). Cet atelier est une manifestation claire de l'Algérie sur son soutien et son appui à l'OIAC”, a-t-il déclaré, en rappelant que les résultats de la rencontre serviront à l'élaboration du programme africain de l'organisation. M. Pfirter a également annoncé “la signature prochaine”, par le Congo, de la Convention et l'adhésion de ce pays en tant que 183e Etat-partie de l'OIAC. Il a ensuite laissé entendre que deux autres pays, en l'occurrence l'Irak et le Liban, feront partie “prochainement” de son organisation. Avant d'aviser que la date-butoir de la destruction de la totalité des armes chimiques et des installations de leur fabrication a été reportée pour 2012. Un autre intervenant, en l'occurrence l'ambassadeur d'Allemagne à Alger, dont le pays préside actuellement l'UE, a aussi applaudi à “l'engagement de l'Algérie dans les domaines du désarmement”. Le diplomate a cependant signalé les suites réservées à l'adhésion à l'OIAC sur les plans juridique et administratif. “L'Union européenne est prête à aider les Etats-parties africains pour la mise en œuvre de ces mesures”, a-t-il suggéré. En marge des travaux de l'atelier, M. Mourad Medelci a déclaré à la presse que l'Algérie n'est pas à l'abri d'une menace du terrorisme chimique. “L'Algérie, comme les autres pays, n'est pas à l'abri de ce risque. Mais, nous avons pris les dispositions nécessaires pour cela”, a-t-il attesté, en estimant néanmoins qu'avec le renforcement de la coopération régionale et internationale, “nous allons vers le risque zéro”. Le MAE a, en outre, insisté sur les aides apportées, par l'UE, à l'Afrique, en particulier à l'Algérie, dans le cadre de l'application de la CIAC. Interrogé sur Israël qui détient des armes chimiques et les raisons qui poussent ce pays, pourtant signataire de la Convention, à lui tourner le dos, le ministre a clairement laissé entendre qu'il faut “aller vers des pressions internationales”, pour contraindre l'Etat hébreu à la respecter. H. A.