Les protestataires invoquent des raisons humanitaires pour sauver leur entreprise que les économistes jugent non performante et pas viable. Les travailleurs des 27 unités que compte l'Entreprise nationale pour l'insertion des handicapés (IPEH) organisent, depuis hier, un sit-in devant le siège de la Centrale syndicale UGTA à Alger pour réclamer le maintien de leur outil de travail et, par conséquent, la préservation de l'emploi dans cette société à caractère social. L'entreprise emploie 1 146 handicapés (99% de mal-voyants) dans ses 27 unités réparties à travers le territoire national et spécialisées dans la fabrication de balais, de pinceaux et de brosses. Les protestataires invitent le ministre de la Solidarité à intervenir pour les sauver du chômage qui les guette si jamais le gouvernement appliquait les mesures qu'il a arrêtées en conseil spécial. En effet, lors du Conseil interministériel du 23 février dernier, présidé par le Chef du gouvernement, il a été décidé de fermer les unités de production et de prendre les mesures suivantes en faveur des travailleurs : mise à la retraite des personnes ayant atteint l'âge de 50 ans, aide à la création de microentreprises et intégration des autres travailleurs dans les différents systèmes de l'emploi ou des dispositions prévues dans ce genre de situation. La réception d'un courrier en ce sens par les syndicats des différentes unités de production a fait réagir les travailleurs qui ont aussitôt rué dans les brancards. Ne voyant aucune solution pointer à l'horizon, ils ont décidé de ce sit-in comme ultime moyen pour faire entendre leur voix. Ces handicapés rappellent que les emplois de standardiste et de développeur de films radiologiques dans les hôpitaux sont devenus automatisés et que les aveugles ne peuvent plus les pratiquer. Ils en appellent à la sagesse et à l'humanité du ministre de la Solidarité pour faire tout ce qui lui est possible afin de préserver leur dignité en sauvant leurs emplois. “Nous refusons de toucher la pension pour handicapés qui ne s'élève qu'à 1 000 DA par mois. Nous sommes des mal-voyants et des handicapés certes, mais nous sommes des hommes et des femmes fiers, nous voulons gagner notre pain à la sueur de notre front”, affirme M. Lakhdar Kassem, chargé de l'organique du syndicat d'entreprise. Un autre handicapé, aveugle et amputé des deux bras, s'insurge lui aussi contre cette décision de dissolution. “Comment ferai-je pour nourrir ma femme et mes 5 enfants dorénavant. La pension de 1 000 DA ne me suffira pas. Je veux garder mon emploi.” Pour le moment, les travailleurs handicapés affirment occuper les lieux jusqu'à satisfaction de leurs revendications. Pour rappel, selon le Conseil interministériel, la décision de fermeture est inhérente au fait que les produits de cette entreprise ne trouvent plus acquéreur, ce qui a conduit à une situation financière des plus inquiétantes que ne peuvent plus supporter les pouvoirs publics. Les travailleurs évoquent pour leur part des raisons humanitaires et reprochent aux décideurs d'invoquer des raisons économiques quand des handicapés sont concurrencés par des produits d'importation de piètre qualité. Saïd ibrahim