Plus de 100 travailleurs de l'entreprise Batigec, issue de la restructuration de Batimétal (ex-SN Métal) observent depuis hier un sit-in dans l'enceinte même de l'unité de production. Cette entreprise emploie à l'échelle nationale plus de 2.000 travailleurs. Elle est située dans la zone industrielle, à la sortie ouest de Aïn Defla. Ces travailleurs, soutenus par leurs collègues, réagissent à une décision de compression de postes qu'ils jugent abusive, inadéquate et arbitraire. Selon le responsable syndical et le délégué du personnel rencontrés parmi les groupes de travailleurs, les décisions individuelles de compression ont été établies et présentées aux personnes intéressées le mercredi en fin de journée, leur annonçant qu'elles ne font plus partie du personnel de l'entreprise et leur interdisant ainsi toute possibilité de recours. Les personnes touchées par la décision de compression au nombre de 103 pour toute l'entreprise et 81 pour Aïn Defla seulement se sont regroupées avec quelques collègues pour lancer un véritable cri de détresse aux responsables de l'entreprise. Comme le hasard fait souvent bien les choses, le président-directeur général de Batigec s'est présenté ce jour à la direction du pôle Ouest. Il a bien voulu nous accorder un entretien et se prêter volontiers à nos questions. Selon le P-DG, «la décision de compression des personnels sans qualification répond à des raisons économiques impérieuses. Elle s'inscrit dans un processus de longue haleine discuté lors d'une réunion ayant regroupé les représentants des travailleurs et ceux de l'entreprise et fait l'objet d'accords collectifs dont le dernier date du 9 décembre 2001.» Pour le transfert du compte bancaire et le verrouillage des opérations financières, les travailleurs accusent les responsables de faire monter sciemment les prix lors des soumissions des marchés et ce, pour se faire refuser les contrats. Ils les accusent aussi d'avoir abandonné volontairement trois chantiers situés sur le territoire de la wilaya de Aïn Defla. Le P-DG, lui, conteste ces déclarations, en faisant référence aux normes économiques en vigueur et se plaint du manque de rendement du personnel pléthorique sans grande utilité pour l'entreprise. Il parlera de la présence de 12 magasiniers alors que deux suffisent, et de 5 secrétaires alors qu'une seule peut accomplir parfaitement tout le travail. Il dira en substance: «Je ne fais pas du social». «Je tente de donner à l'entreprise une bonne assise économique, je fais l'impossible pour sauver les 2.000 emplois de l'entreprise même si je dois sacrifier les 40 ou 50 en question». Il a été donné le choix à ces employés soit de partir volontairement soit de s'inscrire à la Cnac ou être compressés ; les voies de recours sont ouvertes et en cas d'erreur au détriment d'une personne, celle-ci sera reconduite avec l'avantage de ses droits. En ce qui concerne l'abandon des chantiers sur le territoire de la wilaya, le P-DG déclare que le client (l'Opgi) tarde à honorer ses engagements financiers obligeant ainsi Batigec à temporiser. Il avance aussi que «Pôle Ouest Aïn Defla» a accusé l'année dernière un déficit de 40 millions de dinars alors que le budget de l'entreprise est passé de 890 millions de dinars à 2.300.000.000 de dinars ce qui l'a mis en net redressement qu'il explique par la création d'une nouvelle société. Quant au non-recouvrement des anciennes créances, le P-DG déclare que des bureaux spécialisés d'expertise travaillent sur cette situation due à la non-validité de certaines créances (sociétés dissoutes, aswak, etc.). Il soutient que l'entreprise Batigec s'est tournée résolument vers les grands marchés pour la création d'emplois et l'amélioration du profit. Il soutient aussi que la liste des personnes à compresser a été établie par une commission. Hier, une réunion a regroupé le P-DG, le directeur, les membres du syndicat UGTA (Union locale, Union de wilaya) et des représentants des personnels.