Resserrer davantage les liens entre les deux pays, rapprocher les deux peuples : c'est le souhait du nouvel ambassadeur de Turquie à Alger qui a rendu une visite de courtoisie à Liberté où il a été reçu par le directeur de publication, gérant M. Ali Ouafek. “Nous voulons une Algérie forte, redressée économiquement et un peuple heureux”, a déclaré M. Ahmet Necati Bigali, qui a émis le souhait de voir son pays contribuer à ce redressement. La présence des entreprises turques en Algérie s'est renforcée ces dernières années. Elles sont actuellement 150 à opérer dans divers secteurs. “Je leur dis qu'il ne s'agit pas seulement de faire profit, mais surtout de contribuer au bien-être de ce pays”, dit-il. L'intérêt porté par les entreprises turques à l'Algérie est visible. De 60 exposants en 2007, ils passent à 104 à Batimatec. Toutefois, il a déploré l'absence d'un centre culturel turc à Alger et a promis de saisir les autorités pour en ouvrir afin d'organiser des activités à même de mieux faire connaître la culture turque et rapprocher les deux peuples. La Turquie compte également sur l'Algérie pour l'aider dans sa démarche d'ouverture sur l'Afrique. Processus enclenché depuis une dizaine d'années. “Le conseil de l'Algérie est important pour faire aboutir notre politique d'ouverture”, dit-il. Par ailleurs, il a plaidé pour la suppression des visas introduits pour des raisons sécuritaires. Avec la relative paix retrouvée, il a estimé qu'on peut aller vers l'option de la suppression des visas. “Il ne devrait pas y avoir de visa entre nos deux pays”, a-t-il souligné ajoutant que la commission mixte algéro-turque pourrait se tenir à Alger et aborder la question. Pour l'instant, l'ambassade a introduit une facilité pour les demandeurs de visa n'habitant pas Alger. Une vingtaine d'agences de voyages a été accréditée pour acheminer les passeports. Il a été question évidemment d'histoire, d'archives, de colonisation… M. Ahmet Necati Bigal a évoqué les crimes coloniaux de la France qui a adopté une motion sur le génocide arménien. “Il faut regarder dans le miroir”, ironisa-t-il. Il a estimé qu'il n'y a pas eu de génocide en 1915, mais ce sont “des allégations”, dit-il en précisant que son pays a proposé à l'Arménie une commission mixte de chercheurs et historiens pour faire la lumière sur cette histoire. Mais les Arméniens ont refusé la proposition. Pour l'Algérie, il remontera à 1959 lorsque son pays a envoyé un bateau d'armes et de munitions pour les combattants algériens, via la Tunisie. Et concernant les archives de l'époque ottomane, il a indiqué qu'elles seront remises à l'Algérie sauf qu'il n'y a pas de spécialistes parlant l'ottoman pour les décrypter. Et enfin de mettre l'accent sur les contradictions de l'Europe par rapport à la Turquie et le traitement de sa demande d'adhésion à l'UE. En effet, la Turquie est parmi les anciens signataires d'un accord d'association, membre actif et sollicité de l'OTAN, mais on lui ferme la porte de l'adhésion. Evidemment, ce rejet est sous-tendu par une arrière-pensée religieuse. S'il s'agit de cela, “ils (les Européens) vont créer un club chrétien”, dit-il, ajoutant que son pays continuera à demander son adhésion. R. N.