L'auteur de “L'impérialisme humanitaire” a aussi laissé entendre que “l'idée de l'Etat juif disparaîtrait avec le droit du retour”, précisant que l'application d'un droit ouvrirait la voie au “retour d'une majorité non juive” sur la terre de Palestine. La Bibliothèque nationale d'El-Hamma (Alger) a abrité, ce mercredi, en fin d'après-midi, une conférence qui a été animée par un chercheur belge, Jean Bricmont, et une journaliste américaine, Diana Johnstone. Une manifestation qui s'inscrit dans le cadre du mois de solidarité en Algérie avec la Palestine et qui a enregistré la présence de l'ambassadeur palestinien à Alger, du directeur de la Bibliothèque nationale, Amine Zaoui, de l'écrivain Rachid Boudjedra, de la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), d'universitaires et d'enseignants. Dans son exposé intitulé “L'impérialisme humanitaire ou les faiblesses idéologiques des mouvements anti-guerre en Occident”, Jean Bricmont s'est penché sur le discours des droits de l'Homme qui, selon lui, a détourné la gauche occidentale de son rôle de soutien aux mouvements révolutionnaires et de libération nationale, et “mis de côté les principes du droit international” pour légitimer les ingérences étrangères. “La critique d'Israël se fait au nom des droits de l'Homme et de l'ingérence. C'est une erreur. On doit revenir au droit international, au plan de partage des Nations unies”, a-t-il déclaré, en ajoutant : “Le sionisme a déplacé le débat, en exploitant la question des droits de l'Homme.” Ce théoricien a, cependant, avoué qu'“il y a un grand travail à faire en Europe pour faire prendre conscience aux élites qu'Israël n'est pas fondamental”. “Avec l'élection de Nicolas Sarkozy, l'Europe avale la vision israélienne”, a soutenu M. Bricmont, faisant remarquer plus loin qu'“Israël rend les Etats-Unis impopulaires”. “Il y a quantité de gens dans l'establishment, qui pensent qu'Israël leur coûte cher. Jimmy Carter et Barack Obama font partie de ces gens-là”, a-t-il expliqué. N'ayant pas “d'opinion sur la solution définitive” du conflit israélo-palestinien, l'intervenant a tout de même constater que “la résolution de l'ONU sur le partage est encore contestée”, 60 ans après la création de l'Etat hébreu. L'auteur de “L'impérialisme humanitaire” a aussi laissé entendre que “l'idée de l'Etat juif disparaîtrait avec le droit du retour”, précisant que l'application d'un droit ouvrirait la voie au “retour d'une majorité non juive” sur la terre de Palestine. Pour Jean Bricmont, il est “utopique” de parler d'intervention de la communauté internationale dans ce cas-là. En revanche, ce qui serait possible de faire, “c'est d'isoler Israël, comme cela a été fait pour l'Afrique du Sud d'avant (du temps de l'apartheid, ndlr)”. “Il faut inverser le discours en centrant sur le droit international et créer un rapport de force pour répondre au coup par coup au lobby sioniste”, a-t-il proposé. Abordant l'occupation de l'Irak, le conférencier a comparé ce pays à “une nouvelle Palestine”, cela d'autant que “le retrait des Américains risque de prendre encore du temps”. Il a, en outre, indiqué que “la création du Kosovo est contre la Palestine”. Cet avis a été partagé par Diana Johnstone, qui a tenu à rappeler que “l'état d'Israël a été créé sur un territoire palestinien”, un des “faits” que semblent oublier les intellectuels occidentaux. Dans son exposé consacré à la Yougoslavie “comme terrain d'essai pour les guerres au Moyen-Orient ou ailleurs”, la journaliste a soutenu que le Kosovo ne pourrait servir de modèle à la Palestine, sinon “ce serait dans le cadre d'une guerre civile entre Palestiniens”. Elle a aussi fait le parallèle entre “la création d'un Etat musulman sur le territoire de la Yougoslavie” et la justification relative à “l'existence d'un Etat juif”. Elle a également déploré “la faiblesse de la gauche, particulièrement en France”, allant jusqu'à prédire que “Sarkozy va montrer sa sujétion à Israël”. Qu'en est-il aux USA ? “Aujourd'hui, il y a exaspération chez l'élite américaine concernant l'influence du lobby sioniste. Le moment est venu d'attaquer cette influence”, a répondu Mme Johnstone. H. Ameyar