Les contacts diplomatiques se multiplient entre les Israéliens et le mouvement Hamas pour parvenir à une trêve dans Gaza. Ils sont établis en Egypte qui a été mandaté par les Israéliens pour mener des négociations entre les deux parties. En jeu : une trêve à Gaza qui intéresse également au plus haut point les dirigeants égyptiens. “Les dirigeants du Caire ne font pas ça pour nous faire plaisir, mais parce qu'ils savent ce que signifie être aux prises avec des islamistes. Ils redoutent l'entrée de Palestiniens radicaux sur leur sol”, a noté le ministère des Affaires étrangères israélien pour faire accroître qu'Israël n'est pas seul à vouloir la neutralisation sinon la domestication de Hamas. En contrepartie d'un arrêt des tirs de roquettes, le Hamas exige la fin des incursions israéliennes, quasi quotidiennes, la levée du blocus qui étouffe la population palestinienne depuis janvier dernier et la réouverture des points de passage.Outre le cessez-le-feu, le gouvernement d'Ehoud Olmert réclame la fin de la contrebande d'armes entre l'Egypte et Gaza ainsi que la reprise des discussions en vue de la libération du soldat Gilad Shalit, capturé en 2006.Selon Hamas, plusieurs pays européens seraient également entrés dans la valse des négociations. La France a confirmé, précisant par la voix de son chef de la diplomatie qu'il s'agissait de “contacts”, plus que de “relations” ! Européens et Américains avaient rompu tout lien avec Hamas après sa conquête de Gaza par la force, en juin 2007, et posé trois conditions à une reprise du dialogue : la reconnaissance de l'Etat d'Israël, l'acceptation des acquis du processus de paix et le renoncement à la violence. Lundi, Washington a estimé que les contacts entre l'Hexagone et le mouvement radical palestinien n'étaient “ni sages, ni appropriés, ni même utiles”. Israël tient, cependant, à préciser que ces négociations sont ceux de la dernière chance, menaçant Gaza d'invasion au cas où elles devraient échouer. Seulement, tandis que le gouvernement Olmert agite le spectre de la reconquête de Gaza, “pour en finir une bonne fois pour toutes”, d'anciens hauts responsables des forces armées israéliennes viennent de signer une pétition contre une possible offensive. Ils estiment que mettre fin au régime du Hamas à Gaza ne constitue par un objectif réaliste et que réinstaller le Fatah au pouvoir “grâce aux baïonnettes israéliennes” n'est pas productif. De fait, Israël exerce au maximum la pression et sur Hamas et sur le Caire pour d'autres concessions. Il faut savoir qu'Israël n'est pas prêt à revoir sa copie. Et, il est bon de rappeler en ces moments de célébration de son soixantième anniversaire que si l'Etat hébreu s'est construit pour le peuple juif, comme le proclament ses fondateurs, ils oublient cependant de préciser qu'il s'est aussi construit contre un autre peuple. Car Israël ne s'est pas bâti dans un désert, mais sur un territoire où vivait une population nombreuse, les Palestiniens, bien plus nombreux en tout cas que ne l'était la communauté juive quand le gouvernement britannique appuya la revendication de la création en Palestine d'un foyer national juif en 1917. Et ensuite toute l'histoire de cette petite région du Moyen-Orient a été celle de la dépossession des Palestiniens, qui a commencé en 1948 avec la destruction systématique de 400 villes palestiniennes, qui furent rayées de la carte, tandis que 800 000 Palestiniens eurent d'autre choix que de fuir ou de mourir, chassés ou massacrés impitoyablement. Cette politique s'est poursuivie en 1967, qui vit l'annexion de Jérusalem à Israël et l'occupation militaire de Gaza, de la Cisjordanie, du Golan et du Sinaï : 300 000 Palestiniens furent encore chassés des territoires passés sous domination israélienne. Cette politique se poursuit encore aujourd'hui, avec la construction du mur non encore terminé mais qui a déjà annexé 9% du territoire de la Cisjordanie et avec l'extension constante des colonies de peuplement juif qui rongent les lambeaux de territoires palestiniens restants. Israël ne consentira à voir d'Etat palestinien que sous la forme d'homeland, un ramassis de territoires. D. Bouatta