Le président du Forum marocain pour la vérité et la justice (FMVJ), M. Mohamed Sebbar, a appelé l'Etat marocain à “dévoiler toute la vérité sur les charniers, les atteintes graves aux droits de l'Homme et les disparitions forcées commises au Maroc” et à “présenter des excuses officielles pour les crimes commis contre les opposants et les citoyens”, ont rapporté hier des journaux. M. Sebbar s'exprimait lors d'un meeting à Nador (537 km à l'est de Rabat), à l'issue d'une “caravane de la vérité” organisée par le forum, à la suite de la découverte, à la fin du mois d'avril passé, dans une caserne des pompiers de cette ville, d'un charnier contenant les restes de 15 corps, suivie par la mise à jour d'un autre charnier à El Jadida (190 km au sud de Rabat), le 15 mai dernier. Devant une foule de militants, de citoyens et de proches de victimes des émeutes de Nador de 1984, qui ont été réprimées dans le sang, M. Sebbar a déclaré que “le dossier des atteintes graves aux droits de l'Homme ne peut être clos que si des assurances sont garanties pour qu'elles ne se répètent pas”. Dans son intervention rapportée par le quotidien El Sabah, M. Sebbar a souligné également que “toute la vérité doit être rétablie, la mémoire doit être conservée et les préjudices individuels et collectifs doivent être réparés, afin de se libérer du passé et permettre la rupture définitive avec les emprisonnements et les enlèvements des opposants”. Au cours d'une marche qui s'est déroulée à Nador, jusqu'au site du charnier, les participants au meeting ont “dénoncé les assassinats politiques, demandé le jugement de leurs auteurs et exigé la vérité sur l'ensemble des fosses communes non encore mises à jour”, indique la même source. Pour poursuivre son action en faveur de l'application de l'ensemble des recommandations du rapport présenté au roi Mohamed VI, en janvier 2006, par l'Instance équité et justice (IER), le FMVJ prévoit d'autres initiatives et actions concernant les centres de détention secrets, a-t-on annoncé. Par ailleurs, Mme Amina Bouayache, présidente de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme (OMDH), a déclaré récemment à la presse qu'“il existe de nombreuses autres fosses communes datant des années de plomb”. L'OMDH a appelé le Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH), responsable du suivi des recommandations de l'IER, à “jouer entièrement son rôle concernant le dossier des atteintes graves aux droits de l'homme”. Amnesty International, qui vient de publier son rapport à l'occasion des 60 ans de la déclaration universelle des droits de l'Homme, a noté, pour le cas du Maroc, la lenteur de la mise en œuvre des recommandations de l'IER et a rappelé qu'“il n'y eu aucune avancée sur l'accès des victimes à la justice et sur l'obligation pour les auteurs présumés de violations de rendre des comptes”, a rapporté la presse marocaine. R. I./Agences